Procès Guéant: le parquet requiert trente mois de prison avec sursis

Claude Guéant attend son jugement. L'ancien ministre de l'Intérieur est poursuivi pour des primes en liquide qu'il aurait touchées au détriment des policiers. Le réquisitoire est tombé : trente mois de prison avec sursis pour Claude Guéant, dix mois contre Michel Gaudin, ancien patron de la police nationale. Une argumentation sévère de la part du Parquet national financier (PNF).

Avec notre envoyé spécial tribunal correctionnel de Paris,  Frank Alexandre

Le parquet a tiré à boulets rouges sur les prévenus, ciblant en premier lieu bien sûr Claude Guéant qui a joué un rôle moteur dans ce détournement de fonds publics. C’est lui, disent les procureurs, qui a décidé seul de puiser dans les Fonds d'enquêtes et de surveillance (FES) pour arrondir sa rémunération et celle de ses collaborateurs. C’est lui qui a la main sur la répartition de cet argent.

Coupable également Michel Gaudin, ex-Directeur général de la police nationale (DGPN), qui chaque mois fournissait à Claude Guéant 10 000 euros en espèces. Mais s’il est coupable, c’est par faiblesse, nuance le parquet. Aux yeux des procureurs, Michel Gaudin désapprouvait ce complément de rémunération. S’il a agi ainsi, c’est par crainte. Il savait qu’il devait son poste à Claude Guéant.

Claude Guéant dont le système de défense est alors pilonné par la procureure Ulrika Delaunay-Weiss : « Claude Guéant prétend avoir utilisé cet argent pour une activité de police. Peut-on imaginer le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy traquant lui-même Ivan Colonna ou encore le braqueur Antonio Ferrara ? Je suis encore stupéfaite par ces explications quand on sait que la moitié de ces primes est partie en achat de vaisselles », martèle la procureure. Et de lancer à Claude Guéant : « Quand on sert l’Etat, l’argent est secondaire sauf si l’état d’esprit n’est pas de servir, mais bien de se servir. »

Partager :