Avec notre envoyé spécial tribunal correctionnel de Paris, Frank Alexandre
Le parquet a tiré à boulets rouges sur les prévenus, ciblant en premier lieu bien sûr Claude Guéant qui a joué un rôle moteur dans ce détournement de fonds publics. C’est lui, disent les procureurs, qui a décidé seul de puiser dans les Fonds d'enquêtes et de surveillance (FES) pour arrondir sa rémunération et celle de ses collaborateurs. C’est lui qui a la main sur la répartition de cet argent.
Coupable également Michel Gaudin, ex-Directeur général de la police nationale (DGPN), qui chaque mois fournissait à Claude Guéant 10 000 euros en espèces. Mais s’il est coupable, c’est par faiblesse, nuance le parquet. Aux yeux des procureurs, Michel Gaudin désapprouvait ce complément de rémunération. S’il a agi ainsi, c’est par crainte. Il savait qu’il devait son poste à Claude Guéant.
Claude Guéant dont le système de défense est alors pilonné par la procureure Ulrika Delaunay-Weiss : « Claude Guéant prétend avoir utilisé cet argent pour une activité de police. Peut-on imaginer le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy traquant lui-même Ivan Colonna ou encore le braqueur Antonio Ferrara ? Je suis encore stupéfaite par ces explications quand on sait que la moitié de ces primes est partie en achat de vaisselles », martèle la procureure. Et de lancer à Claude Guéant : « Quand on sert l’Etat, l’argent est secondaire sauf si l’état d’esprit n’est pas de servir, mais bien de se servir. »