De 2002 à 2004, tous les mois, Claude Guéant, alors directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur, recevait une enveloppe de 10 000 euros en liquide pour arrondir un salaire qu’il jugeait trop étriqué. Une somme qu’il partageait avec ses collaborateurs, lui-même se réservant la moitié de ces 10 000 euros.
La pratique se faisait avec la bénédiction de Michel Gaudin, alors directeur général de la police nationale. Cette ancienne tradition aurait concerné des milliers de fonctionnaires, a tenté de se justifier Claude Guéant. Sauf qu’à cette époque, l’usage des fonds secrets ayant déjà été réformé, la pratique était illégale.
C’est en perquisitionnant l’appartement de Claude Guéant en 2013, dans le cadre d’une autre affaire, que les policiers ont découvert une série de factures suspectes, des milliers d’euros dépensés en liquide dans l’achat d’équipement pour sa maison. Il a alors reconnu avoir bénéficié de cet argent, officiellement réservé aux policiers pour rémunérer notamment leurs indicateurs.
Le parquet national financier (PNF) a également pu récupérer les enregistrements de la ligne de Claude Guéant où il lâche à Michel Gaudin : « Quel con j’ai été de garder les factures ! » Et de fait, pour détournement de fonds publics, il encourt dix ans de prison.