Lors du procès, le procureur avait demandé au tribunal de remettre la vertu au goût du jour. Le parquet national financier s'était dit choqué par cette affaire de gros sous qui, à ses yeux, relève de la morale civique. Une morale dont Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, aurait fait défaut.
De 2002 à 2004, le « cardinal » comme on l'a surnommé plus tard à l'Elysée, aurait pioché dans l'enveloppe des frais d'enquête et de surveillance de la police pour arrondir une rémunération qu'il jugeait trop étriqué. Outre son salaire de 8000 euros et une indemnité de sujétions particulières de 2 200 euros, il s'attribuait en plus chaque mois 5000 euros en espèces, une somme jamais déclarée au fisc.
Jusqu'à dix ans de prison
Une pratique formellement interdite par la loi de moralisation de la vie publique votée en 2001 et qui a banni les primes de cabinet en liquide.
Mais aucun texte n'interdisait de puiser dans les frais d'enquêtes, a rétorqué la défense fustigeant les leçons de morale du parquet. « Je n'ai jamais eu le sentiment de commettre la moindre irrégularité », a ajouté Claude Guéant , qui pour complicité de détournements de fonds publics encourt cependant jusqu'à dix ans de prison.