Ils étaient 6 000 il y a quelques semaines. Six mille migrants vivant dans la « jungle » de Calais dans l'espoir d'un passage vers le Royaume-Uni. Six mille personnes vivant dans des conditions sanitaires exécrables dans cette ville du nord de la France. Aujourd’hui, elles ne seraient plus que 4 500, affirme le ministère de l’Intérieur.
La jungle a-t-elle vraiment perdu 25 % de ses habitants ? Pas de commentaire, répond la mairie. Quant aux autres intervenants dans la « jungle », ils sont plus que dubitatifs.
« On a effectivement l’impression que des gens partent vers des possibilités de relogement, mais il y a des gens qui continuent à arriver et, grosso modo, on a l’impression que les deux se compensent », note ainsi Philippe Wannesson, auteur du blog Passeurs d'hospitalité.
Pour le gouvernement, c'est son action qui commence à porter ses fruits. Ces derniers jours, un millier de migrants ont été relogés dans des centres d’accueil d’urgence dans l’est, le sud ou le centre de la France. Une prise en charge qui s’accompagne, en théorie, d'un dépôt de demande d'asile sur le territoire français et d'un renoncement au projet de migration vers le Royaume-Uni. Et selon la Cimade, association d’aide aux migrants, 664 autres ont été déplacés dans sept centres de rétention administratifs à travers la France, depuis le déplacement du ministre de l’Intérieur à Calais le 21 octobre dernier.
Avec des traversées de la Manche de plus en plus difficiles, la politique peut fonctionner, reconnaît Philippe Wannesson : « Il y a pas mal de gens qui arrivent à Calais et qui se disent d’emblée : ‘Je vais essayer pendant deux mois, trois mois, et si je n’arrive pas à passer, je vais changer de projet, je vais déposer une demande d’asile en France. Donc effectivement, le fait qu’il y ait en plus une possibilité de relogement, si vraiment il y a une information et si vraiment il y a un accompagnement, ça peut concerner pas mal de personnes. »
Mais pour désengorger Calais, c'est en amont qu'il faut agir, soulignent les associations. Si les migrants veulent se rendre au Royaume-Uni, c'est, disent-elles, qu'ils n'ont trouvé aucun refuge sur leur route.