Calais: 664 migrants «éloignés» dans des centres de rétention

Plusieurs associations d’aide aux migrants dénoncent des placements en centre de rétention de 664 habitants de la « jungle » de Calais, un dispositif censé la désengorger.

« On ne vide pas Calais à coup d'OQTF » (obligations de quitter le territoire français, ndlr), s'indignaient déjà trois associations en mai dernier. Placer des habitants de la jungle en centre de rétention n'est pas une pratique nouvelle, assure David Rohi, responsable du pôle éloignement de la Cimade. Mais cette fois-ci, l'ampleur est différente. « On n’a jamais atteint ces chiffres-là ! C’est une opération menée à coups de bus, d’avion, d’une ampleur vraiment sans précédent. C’est historique comme abus de pouvoir de la part des autorités sur ces populations, des personnes qui fuient des pays en guerre, qu’il faudrait avant tout protéger », s’emporte-t-il.

Selon la Cimade, 664 migrants occupant la « jungle » de Calais ont été déplacés dans sept centres de rétention administratifs à travers la France, depuis le déplacement du ministre de l’Intérieur à Calais le 21 octobre dernier.

La Cimade dénonce un abus de pouvoir, car si ces personnes sont en situation irrégulière sur le territoire français, elles ne peuvent être renvoyées dans leur pays. « Leur enfermement est illégal dans la mesure où le gouvernement sait très bien que ces personnes sont inexpulsables. On parle de Syriens, d’Erythréens. Donc évidemment, ces personnes sont libérées au bout de quelques jours. Après avoir eu peur, après avoir subi l’enfermement. Il ne faut absolument pas banaliser cette opération qui est très grave, très lourde, pour les personnes qui la subissent. Et c’est totalement illégal et abusif de la part du gouvernement », affirme encore David Rohi, de la Cimade. Illégal, abusif et contre-productif, assure l'association. Car quand sur décision d'un magistrat, ces personnes sont libérées, elles reviennent alors à Calais.

Cette opération est effectuée en parallèle d’une autre visant à reloger les migrants de Calais dans des centres d’accueil d’urgence dans l’est, le sud ou le centre de la France. Depuis la semaine dernière, un millier d’entre eux ont ainsi été pris en charge. Une prise en charge qui s’accompagne, en théorie, d'un dépôt de demande d'asile sur le territoire français et d'un renoncement au projet de migration vers le Royaume-Uni. Une politique qui, elle, est saluée par les associations.


 Plan de répartition des migrants: la France accueille ses premiers réfugiés

Dix-neuf Erythréens venus d’Italie devaient arriver ce vendredi 6 novembre après-midi près de Nantes, dans l’ouest de la France. Il s’agit de la première partie des 30 000 réfugiés que la France s'est engagée à accueillir sur deux ans dans le cadre du plan de répartition européen.

Ces candidats à l'asile ont d'abord transité par trois centres en Italie : Agrigente en Sicile, Bari et Rome. Le choix de leur accueil en France s'est ensuite fait en tenant compte de critères comme leurs projets où la présence déjà effective de membres de leurs familles dans le pays, explique le ministère de l'Intérieur.

Arrivés par autobus dans la région Pays de la Loire, ces réfugiés verront leurs demandes d'asile traitées avec « une particulière célérité », a assuré Bernard Cazeneuve. Cette entrée officielle sur le territoire leur permet également de bénéficier d'un hébergement d'Etat dans des logements proposés par certaines municipalités réparties partout en France.

Voilà donc à quoi devrait ressembler le parcours des autres relocalisés qui suivront dans les semaines et mois qui viennent. En novembre, la France attend 200 personnes venues de Grèce et d'Italie, puis 300 en décembre et 400 en janvier. Dans un an, elle devrait en avoir accueilli près de 15 000.

Partager :