De notre envoyé spécial à Londres, Guilhem Delteil
Cette rencontre, sans grandes annonces, marque tout de même une étape importante dans la coopération entre la France et le Royaume-Uni. Bernard Cazeneuve le réaffirmait encore il y a 15 jours, avant sa dernière visite à Calais, son objectif est de rendre la frontière étanche. Un objectif largement partagé par les Britanniques. Au vu des sommes débloquées, les deux ministres de l'Intérieur en avaient même fait une priorité. Le 20 août dernier, la Britannique Theresa May avait annoncé une enveloppe de 45 millions d’euros pour Calais. Sur cette somme globale, 35 millions étaient consacrés au renforcement de la sécurité du port et du tunnel, contre 10 millions pour l’amélioration des conditions de vie des migrants dans la « jungle ».
Satisfaction
Aucun passage n'a donc été constaté depuis le 25 octobre alors qu’il y en avait une vingtaine par jour les semaines précédentes. Une vraie satisfaction et un résultat encourageant pour le ministre français de l'Intérieur : « Il faut rester prudent », souligne Bernard Cazeneuve.
Cette prudence s'est traduite lundi par la signature d’une déclaration conjointe pour renforcer encore la coopération entre les deux pays. La France et le Royaume-Uni veulent être plus efficaces dans la lutte contre les réseaux de passeurs. Mais l’ampleur de cette coopération reste à définir.
« Urgence caractérisée »
Sur le plan sécuritaire, la situation s’est donc améliorée aux yeux des deux pays. Mais sur le plan humanitaire, elle s’est détériorée aux yeux de bon nombre d’associations. Plusieurs d’entre elles avaient d’ailleurs saisi la justice pour contraindre l’Etat et la ville de Calais à procéder à des aménagements. Lundi, le tribunal administratif de Lille leur a partiellement donné raison, jugeant qu’il y a, à Calais, une « urgence caractérisée ». Il demande la mise en place dans les 8 jours de nouvelles latrines et de points d’eau supplémentaires.
Droit dans ses bottes
Bernard Cazeneuve refuse de voir dans cette décision du tribunal administratif, un désaveu à l'encontre de sa politique. Au contraire, il s'estime renforcé. Il rappelle que l'installation de ces latrines et points d’eau supplémentaires étaient annoncés et que les contrats avaient été signés avec les prestataires vendredi dernier. L’Etat assure aussi que ces améliorations sanitaires seront effectives dans les 8 jours, soit le délai imparti par le tribunal administratif de Lille.
Pour Bernard Cazeneuve, il n’y aura pas d’indemnités financières à payer. Quant à savoir s’il estime, comme le tribunal, qu’il y a « urgence caractérisée » à Calais, le ministre ne répond pas directement. Il préfère souligner le rythme de la vie politique. Pour débloquer de l’argent, il faut que les crédits soient votés, que des appels d’offres soient lancés. Mais il rappelle qu’il a obtenu 44 millions d’euros pour Calais en 2015.