Avec notre envoyé spécial à Londres,Guilhem Delteil
Bernard Cazeneuve, le ministre français de l’Intérieur, ne manque pas une occasion de le souligner : la coopération entre les deux pays se passe bien. Tellement bien que depuis huit jours, les Britanniques n'ont constaté aucun passage par le tunnel sous la Manche.
Et pour David Skully, le directeur de la police aux frontières française, il est peu probable que certains migrants arrivent à passer entre les mailles. « Le ministre nous a dit : zéro passage, c’est zéro passage. Surtout sous le tunnel, la faculté de pouvoir passer comme ça, elle est quasi nulle aujourd’hui », affirme-t-il.
Rendre la frontière étanche, c'était l'un des objectifs des deux gouvernements. Pour cela, les Britanniques ont annoncé en août dernier une enveloppe de 35 millions d'euros pour renforcer la sécurité autour du port et du tunnel de Calais. Aux yeux de Paris et Londres, les résultats sont encourageants. Mais il ne s'agit pas d'un aboutissement. « Ce soir, nous avons souhaité donner un nouveau souffle à cette coopération franco-britannique concrétisée par un engagement très fort d’amplification de notre action dans le domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière », a expliqué Bernard Cazeneuve.
Une lutte que les deux pays entendent mener sur leurs territoires respectifs, mais aussi au-delà des frontières européennes. Ils envisagent notamment d'aider les pays sahéliens sur le contrôle des frontières et la lutte contre la fraude documentaire.
►La justice ordonne des aménagements sanitaires dans la jungle de Calais
Pour le tribunal administratif de Lille, il y a une « urgence caractérisée » dans la jungle de Calais. Saisie par plusieurs ONG, l'instance a ordonné à l'Etat et à la mairie de cette ville du Nord de la France située face aux côtes britanniques de réaliser de nouveaux aménagements sanitaires pour les près de 6 000 migrants vivant actuellement sur cet ancien terrain industriel.
Cinquante latrines doivent être installées dans les huit jours, dix points d'eau créés ainsi qu'un dispositif de collecte des ordures et un accès au campement pour les services de secours. Et tous les mineurs doivent être recensés dans les 48 heures afin d'être placés dans des centres d'accueil. Une victoire pour les associations.
Des mesures accompagnées astreignantes donc. Un jugement qui n’inquiète pas Bernard Cazeneuve. Pour lui, elles vont pleinement dans le sens de la politique gouvernementale.