France: les syndicats amers quant au dialogue social

Au Conseil économique et social, lieu de la quatrième Conférence sociale, François Hollande a parlé d’Air France et a lancé une pique au syndicat CGT qui boycotte cet événement. Les syndicats se plaignent d’un dialogue social malmené.

Un dialogue de sourds, un dialogue à sens unique : ces dernières semaines, le dialogue social a été mis à rude épreuve, entre l’accord arraché sur les salaires des fonctionnaires, les retraites complémentaires, le conflit chez Air France.

Autant de raisons qui ont fait dire ce lundi matin 19 octobre 2015 à Bernadette Groison de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU) que le dialogue social ne fonctionnait plus en France, que les attentes des chômeurs, des jeunes et des salariés ne trouvaient pas de réponse. « Il y a donc un malaise profond. Nous venons aussi aujourd’hui pour demander au président de la République d’entendre cela et de réunir en urgence toutes les organisations syndicales pour en parler », a-t-elle ajouté.

Force Ouvrière (FO) sur la même ligne a dénoncé l’autoritarisme de l’exécutif, ses passages en force. « Si je suis là aujourd’hui, a dit Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO, c’est pour faire entendre la voix de la contestation », allusion évidente à l’absence de la Confédération Générale du Travail (CGT). Lors de son arrivée au palais d'Iéna ce lundi matin, il a aussi dénoncé : « Le seul dialogue qui a lieu aujourd'hui, c'est entre le Medef et le gouvernement ».

« Il n’y a pas cependant de raison vraiment de parler d’un dialogue en panne, puisqu’il existe », c’est ce qu’a tenu à rappeler Laurent Berger de la Confédération Française Démocratique du Travail (CFDT).

François Hollande joue l’apaisement… mais tacle la CGT

Ce dialogue social, ce n’est pas un long fleuve tranquille. François Hollande l’a rappelé et ne s’est pas privé de tacler la CGT. « Cette conférence, elle, nous place, les présents comme les absents, devant nos responsabilités. […] Il est […] commode de ne jamais s’engager à signer le moindre accord, en espérant d’ailleurs que d’autres le feront à leur place, tout en dénonçant dans le même mouvement les insuffisances du dialogue social », a-t-il jugé.

Cette quatrième Conférence sociale, donnera naissance à une feuille de route et des mesures sur des thématiques très consensuelles : les transformations liées au numérique, la transition énergétique et le « compte personnel d'activité », volet de la sécurisation des parcours professionnels qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2017.

François Hollande a aussi voulu reprendre la main sur le dossier du conflit à Air France, et a prôné, encore et toujours, l'apaisement. Le conflit à Air France ne résume pas l'état du pays, a-t-il estimé, et les licenciements peuvent être évités « si les pilotes font le nécessaire ».

« Moi, je crois au rôle des organisations représentatives. Je crois à la nécessité d’avoir des acteurs responsables qui s’engagent. Je crois au dialogue social. Et je n’accepterai jamais que des violences inexcusables qui ont été commises à Air France puissent être l’occasion de s’en prendre au syndicalisme dans son ensemble », a-t-il martelé.

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