Les jeunes, même très diplômés, rencontrent plus de difficultés que leurs prédécesseurs à intégrer le marché du travail. Selon l’enquête annuelle réalisée par l’Apec (l’Association pour l’emploi des cadres) au printemps dernier, parmi ceux qui ont obtenu leur diplôme (Bac+5 ou plus, hors médecine) en 2014, seuls 62 % avaient trouvé un emploi, soit 1 % de moins que pour les lauréats 2013. Sans compter les 10 % qui cherchaient un emploi après une première expérience professionnelle et les 28 % qui n’avaient toujours pas trouvé leur premier emploi. C’est, constate l’Apec, le plus mauvais résultat observé depuis 5 ans.
L’expérience prime
Ceux qui ont réussi à trouver un emploi n’ont pas pour autant gagné le gros lot. Parmi les 4 750 diplômés en 2014 qui ont répondu à son enquête, l’Apec a pu observer une très nette diminution (-9 points) du nombre de contrats à durée indéterminée (CDI) dont la proportion est de 50 %.
Logiquement le nombre de CDD (contrat à durée déterminée) gagne du terrain puisqu’il concerne maintenant 43 % des premiers emplois. A tel point, souligne l’Apec, que ce type de contrat pourrait apparaître comme étant une voie d’entrée normale dans la vie active pour cette population.
Avec 176 900 embauches prévues en 2015 (+4 %), on assiste à « un rebond des recrutements des cadres, mais les jeunes diplômés n’en profitent pas », constate le directeur général de l’Apec, Jean-Marie Marx. La conjoncture étant incertaine, les recruteurs privilégient les cadres expérimentés plutôt que les débutants dans l’idée de réduire les risques.
La porte d’entrée est étroite pour trouver son premier poste. Mais les difficultés ne s’arrêtent pas là. A cela s’ajoutent des conditions d’emploi nettement dégradées. L’accès au statut de cadre est ainsi en recul de 5 % avec seulement 57 % qui en bénéficient d’entrée de jeu. Conséquence logique, les rémunérations sont plus faibles ; le salaire moyen à 26 500 euros bruts annuels a reculé de 8 %.
Travail « purement alimentaire »
La difficulté à s’insérer dans une entreprise pousse « les jeunes à prendre ce qui se présente et ils font plus de concessions que par le passé », constate le patron de l’Apec. Si la grande majorité de ceux qui travaillent se dit satisfaite de son emploi, ils sont cependant 17 % à le qualifier de « purement alimentaire ». Ils sont encore plus d’un tiers à estimer occuper un emploi inférieur à leur qualification, principalement dans le commercial, marketing, ressources humaines et enseignement.
L’enquête de l’Apec a permis également de relever les différences entre les disciplines de formation. Il est ainsi plus aisé de trouver un emploi pour les diplômés d’une école de commerce ou d’ingénieurs (71 % de taux d’emploi) que pour les titulaires de masters universitaires (59 %) ou de doctorats (57 %). L’adéquation entre formation et emploi varie aussi : plus grande en commercial, marketing et informatique et plus faible pour ceux qui visaient des emplois dans la communication ou la création.
Après bien des déconvenues, les jeunes diplômés en recherche d’emploi sont de plus en nombreux (44 %), particulièrement chez les juristes (59 %), à envisager de reprendre leurs études ; en 2013, seuls 35 % avaient ce projet. Ces cas de réorientations, plus fréquents qu’on pourrait le penser, concernent 14 % des jeunes diplômés de niveau Bac+5 ou plus. Ces diplômés ont poursuivi ou repris des études dans les deux ans qui ont suivi l’obtention de leur diplôme ; leur parcours fait l’objet d’une autre étude que l’Apec vient de publier.