A la télé, Valls cherche à s’affirmer entre Macron et Hollande

Le Premier ministre français s’est plié à l’exercice du « grand oral » télévisuel, jeudi soir. Dans l’émission Des paroles et des actes, sur France 2, il a affiché son volontarisme tout en essayant d’inverser la courbe des sondages, qui le donnent en retrait en cette rentrée politique.

Jusque-là, rien ne semblait devoir l’atteindre. Mais Manuel Valls dévisse désormais dans les sondages. En cette rentrée, le baromètre du Journal du dimanche le donne toujours devant François Hollande, mais en baisse de 4 points, avec 39 % d’opinion favorable. Le sondage paru dans Les Echos, début septembre, le donnait là aussi en recul de 4 points, à 34 % d’opinion favorable. Soit derrière le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, ministre préféré des Français à en croire ce même sondage, qui lui donne le score de 44 % d’opinion favorable.

Alors pour tenter de se relancer, Manuel Valls, habitué des interviews du Vingt-heure et des formats courts a choisi cette fois de se plier à l’exercice du « temps long », comme disent ses conseillers en communication : l’émission de rentrée de Des paroles et des actes, sur France 2. Presque trois heures en « prime time » télévisuel pour tenter de retrouver un peu d’air dans les sondages. Mais ce « grand oral » n’aura finalement pas fait bouger les lignes.

L’émission de ce jeudi soir avait des allures de Conseil des ministres. Dans le public, derrière le locataire de Matignon, le gouvernement était presque au complet.

Coincé entre Macron et Hollande

« L’équipe », « le pack », dit Manuel Valls, avec « les ministres d’expérience » et « la jeune génération », formule qui était cette fois pour Emmanuel Macron. Le ministre de l’Economie a en effet ravi à Manuel Valls son rôle de briseur de « tabous » de la gauche, s’illustrant encore récemment par ses propos sur les fonctionnaires pour lesquels il a été recadré par François Hollande.

Pour le remettre à sa place tout en douceur et rappeler qu’il reste bien le chef - du gouvernement - Manuel Valls a voulu jouer la carte générationnelle : « Moi, j’ai la chance de diriger un gouvernement. Et ça veut dire qu’en dix ans ou en cinq ans, moi, j’ai acquis beaucoup d’expérience. Vous vous rendez compte, Emmanuel Macron, dans cinq ou dix ans, l’expérience qui sera la sienne ? » Cinq ou dix ans, le temps pour Emmanuel Macron d’attendre son tour.

« Je n'ai jamais caché mon ambition »

Mais Manuel Valls est coincé entre le si populaire ministre de l’Economie et un président auquel, encore une fois, il a fallu rappeler sa fidélité. « Je n’ai jamais caché mon ambition. Mais ma nature, c’est de ne jamais miser sur l’échec de mon propre camp. Moi, ce que je veux, c’est la réussite du quinquennat de François Hollande. »

La réussite du quinquennat, au risque d’un nouveau costume que l’on devine étriqué au gout de Manuel Valls : celui d’intendant d’un président qui cherche à se remettre en selle pour 2017.

Emploi : des « mauvais chiffres »

Au fil de ces trois heures de télévision, Manuel Valls est aussi revenu sur les problèmes économiques et sociaux auxquels est confronté le pays. Interrogé sur les chiffres du chômage, et la nouvelle hausse enregistrée en août, il a admis de « mauvais chiffres », mais a aussi voulu se montrer volontariste et miser sur les récentes lois de son gouvernement. « J’ai un conviction, c'est que nous allons réussir. Parce que nous avons posé le bon diagnostic : le manque de compétitivité dont notre pays et nos entreprises souffrent depuis dix ans. »

Crise des réfugiés : « Beaucoup de démogogie »

Autre sujet abordé lors de l’émission, la crise des migrants à laquelle l’Union européenne est confrontée, à la fois dans l’est de l’Europe et en Méditerranée. « Si tout le monde vient, on crée les conditions d'un drame humanitaire. Si nous ne distinguons pas le demandeur d'asile du migrant économique, c'est le droit d'asile qui meurt », a-t-il posé.

Mais il a également dénoncé « beaucoup de démagogie et d’utilisation des peurs » sur cette question. « Non, on ne prend pas, que les choses soient très claires, aux Français ou à ceux qui vivent en France. On n’oppose pas les publics. Il n’y a pas cette concurrence des pauvretés. J’ai décidé - nous avons décidé à la demande du président de la République -, des moyens pour rehausser l’hébergement d’urgence. L’hiver arrive, il y a les SDF, les gens qui sont dans la rue dehors, qui peuvent mourir avec le froid dans quelques mois. Nous avons décidé à la demande des grandes associations qui suivent ces questions-là, les moyens pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de concurrence. C’est la force, la dignité de la France, que d’accueillir dans des conditions extrêmement maitrisées ceux qui demandent l’asile. »

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