COP 21: la France affiche son engagement pour le climat

A 81 jours du coup d'envoi de la grande Conférence climatique, François Hollande veut montrer la détermination de la France à aboutir à un accord susceptible d'éviter le pire. Mais pour les 195 pays signataires, il reste encore de nombreux consensus à trouver. Ce jeudi 10 septembre, il s'agit pour le président et le gouvernement français de montrer la force et l'unité de l'équipe française en matière chargée des questions climatiques.

Une série de tables rondes réunissent ce jeudi les principaux acteurs climat de la France : des ministres, comme Manuel Valls et Ségolène Royal, et des personnes dédiées à la cause climatique, comme Laurence Tubiana, ambassadrice chargée des négociations ou encore Nicolas Hulot, l'envoyé spécial du président Hollande pour la protection de la planète. Mais le protagoniste principal de ce jeudi est Laurent Fabius. Le ministre des Affaires étrangères sera, en effet, le président de la COP21. En début de semaine, il a dit sa détermination à l'issue d'une réunion ministérielle informelle pré-COP 21 :

« Paris doit être un turning point, un point tournant, puisque ce sera, si nous réussissons - et c’est indispensable -, la première fois qu’un accord universel légalement contraignant aura été passé permettant de ne pas dépasser les 2° d’élévation de la température liée aux gaz à effet de serre. Et en même temps, Paris ne résoudra pas toutes les questions. Donc, il faudra que des mécanismes soient créés à Paris pour permettre ensuite, au fur et à mesure du temps, de résoudre les questions qui n’auront pas été résolues. »

Une page dans l'histoire devrait donc être tournée en décembre prochain à Paris. Au lieu de foncer dans le mur, l'humanité est censée se mettre d'accord pour sauver un climat compatible avec sa survie.

Un rendez-vous à ne pas rater pour la France

Nombreux sont ceux qui saluent les efforts de la France pour trouver des consensus au sein des Nations unies. Mais pour les ONG écologistes, le travail diplomatique n'est pas tout, loin de là. C'est ce que souligne Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace :

« Aujourd’hui, on ne peut pas mesurer la réussite de la COP uniquement à l’aune des efforts diplomatiques effectués par François Hollande et Laurent Fabius. Ils ne cessent de dire qu’ils négocient avec tous les dirigeants de la planète. Oui, c’est une chose. Mais la réussite de la COP se mesurera aussi à l’aune de l’exemplarité de la France en France. Si la France veut être convaincante auprès de l’Inde, de la Chine, des Etats-Unis, elle doit montrer qu’elle a une politique énergétique particulièrement ambitieuse et exemplaire. Or, ce n’est pas le cas. La France reste un pays en retard dans le domaine des énergies renouvelables, par exemple. La France développe trois fois moins vite les renouvelables que ses voisins européens. Donc, on est loin du compte. »

La transition énergétique n'est pas à la hauteur. Et ce n'est pas tout, dit aussi Morgane Créach, directrice du Réseau Action Climat, qui regroupe une trentaine d’associations écologistes et citoyennes :

« Il faudrait doubler le rythme de développement annuel des énergies renouvelables si on veut tenir les objectifs de la France fixés pour 2020. Il faudrait accélérer le développement des transports en commun. Le vélo reste aussi complètement sous-utilisé en France. Ensuite, l’instrument fiscal : la fiscalité environnementale est un levier essentiel pour modifier les comportements, orienter vers les énergies renouvelables et les économies d’énergie. Aujourd’hui, on a une fiscalité environnementale dérisoire. En plus, avec un prix du baril du pétrole qui a complètement chuté, elle ne va pas produire les effets escomptés. Donc, dans quasiment tous les secteurs de cette transition, y compris dans la rénovation de l’habitat, la France a un retard certain par rapport à ses partenaires européens. On ne peut pas dire aujourd’hui que la France est un champion en termes de lutte contre le changement climatique. »

Il reste donc 81 jours pour rattraper ce retard et donner l'exemple, devant les délégations des 194 pays qui, sans compter la France, arriveront à Paris le 30 novembre prochain.

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