L'accueil des réfugiés pour le PS, « c'est oui ». Et le parti socialiste français avait bien l'intention de le prouver, mardi soir, lors d’un meeting organisé sur cette question au Cirque d’Hiver de Paris. Un groupe de musique syrien en ouverture de la soirée, un slogan, quelques sourires. Dans la salle, Anne Hidalgo, maire de Paris, Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire général du PS ou encore Claude Bartolone, président PS de l’Assemblée nationale. Tout semblait se dérouler comme prévu.
Mais une dizaine de minutes après le début du meeting, c'est la déconvenue. Alors que Laura Slimani, présidente du Mouvement des jeunes socialistes, est à la tribune des militants du collectif La Chapelle-Austerlitz, du nom du camp de toile où dorment à Paris, migrants, demandeurs d’asile et réfugiés depuis des mois, déploient une banderole et lancent des slogans. « Honte au PS ! » « Pourquoi, madame Hidalgo, les enfants ne sont-ils pas hébergés immédiatement ? »
« J’ai voté François Hollande au second tour. On ne m’y reprendra jamais ! Plus jamais, je ne voterai ni Vert, ni communiste, ni socialiste, parce que tous les partis de gauche du gouvernement se sont comportés de la même manière avec nous. Et là, le PS se pavane », explique Valérie Osouf, membre du collectif d'aide aux migrants. « Le PS ose se prévaloir d'un accueil digne des réfugiés. Cela fait trois mois que nous faisons le boulot de l'Etat à sa place », ajoute-t-elle.
Cambadélis dit vouloir « éveiller les consciences »
Après cette première intervention, les militants du collectif réitèrent quelques minutes plus tard, pendant le discours d’Anne Hidalgo, cette fois. Mais, encouragée par les applaudissements des militants, la maire de Paris continue son discours. Et répond à la critique : « A Paris, dans cette ville-monde, dans cette ville refuge, bien sûr qu’il y a des problèmes. Je n’accepte pas qu’on vienne nous dire, parce qu’il y a des campements, que nous serions coupables de quoi que ce soit », lance-t-elle à l’adresse des militants qui l’interpellent.
Dans son discours de clôture, Jean-Christophe Cambadélis ne fera aucune mention des événements de la soirée. Le premier secrétaire du PS, auteur, jeudi 3 septembre, d’un appel aux maires de France pour accueillir des réfugiés, repris ensuite par le gouvernement, s’affiche ambitieux. Il dit vouloir « éveiller les consciences », mais « nous ne faisons la leçon à personne », assure-t-il.
Manuel Valls plaide pour un droit d'asile non discriminatoire
Le Premier ministre, Manuel Valls, s’est pour sa part rendu mardi soir à la synagogue Nazareth, à Paris, pour y assister aux voeux du consistoire, dans le cadre du Nouvel an juif. Le Premier ministre a saisi l’occasion pour y défendre le droit d’asile, et rendre hommage à l'engagement de la communauté juive pour l'accueil des réfugiés qui affluent en Europe. « Ce droit d’asile, qui dit les valeurs de la France, vous le faites vivre », a-t-il lancé.
Et, évoquant sans les nommer les maires qui se disent volontaires à l’accueil de réfugiés à la condition que ceux-ci ne soient pas musulmans, il a martelé que l’« on ne trie pas en fonction de la religion, on accueille les chrétiens, les musulmans, les Yézidis. On ne trie pas le droit d’asile, c’est un droit universel. C’est un croit inscrit dans la conscience humaine ». Pour Manuel Valls, « la France, même traversée par des vents mauvais, par des discours insupportables, c’est à ce moment là qu’elle est capable d’être la France : forte, généreuse et capable d’accueillir ».