Avec notre envoyée spéciale à La Rochelle, Valérie Gas
Avec ce discours de clôture de l’université d’été du PS à La Rochelle, Manuel Valls a entamé la bagarre pour les élections régionales de décembre. Et l’angle d’attaque du Premier ministre est clair : il veut incarner la « responsabilité », le « volontarisme » et la « constance », face à une opposition de droite et d’extrême droite qu’il confond dans ce qu’il appelle un « bloc réactionnaire ».
Un bloc que Manuel Valls entend combattre « car qui le fera si nous ne le faisons pas ? », a-t-il-lancé. « Car beaucoup à droite sont perdus, beaucoup semblent prêts à sacrifier leurs principes et les valeurs. Ce que je vois derrière cette envie de revanche de l’ancien président de la République, c’est qu’au fond la droite n’a rien à proposer. Elle cherche seulement à s’imposer », a-t-il poursuivi.
Sur tous les sujets... que ce soient les migrations, le terrorisme, l'économie, l'agriculture ou l'éducation, Manuel Valls a cherché la confrontation, le débat frontal avec un adversaire prioritaire, Nicolas Sarkozy, accusé de courir derrière le Front national de Marine Le Pen et d’abandonner les valeurs de la droite républicaine pour réussir son retour.
« Mettre les points sur les i »
Après la polémique Macron, l’épisode du dîner houleux avec les militants samedi soir, le Premier ministre a aussi voulu « mettre les points sur les i » et désigner les véritables adversaires de la gauche, montrer les enjeux des divisions alors qu’une nouvelle bataille électorale s’engage. « A gauche, on se respecte, on ne siffle jamais, on applaudit ou on débat », a dit Manuel Valls à l’intention de ceux qui, au PS, critiquent la politique du gouvernement et ont d’ailleurs manifesté à plusieurs moments du discours leur désapprobation.
Puis, il a lancé un appel aux partenaires, socialistes, écologistes... un appel au rassemblement, à l’unité en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur où la désunion pourrait coûter cher à la gauche. Les régionales s’annoncent comme un combat très difficile après une série d’échecs électoraux cuisants. Manuel Valls a mouillé la chemise au sens propre pour essayer de remobiliser ses troupes. Un vrai défi !
Un remaniement à la rentrée ?
Par ailleurs, le président socialiste de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a indiqué hier qu'un remaniement gouvernemental interviendrait au plus tard mi-septembre et que son ampleur dépendrait de l'évolution de la crise politique chez les Verts « dans les dix jours ». Le parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV) a en effet enregistré cette semaine la défection coup sur coup de deux de ses cadres : François de Rugy et Jean-Vincent Placé.
■ Manuel Valls pour la prééminence des accords d'entreprise sur la loi
Le Premier ministre souhaite que la réforme du droit du travail donne plus de place à la négociation salariés-employeurs. Un changement qui ne va pas de soi, notamment chez les syndicats.
Permettre aux employeurs et aux représentants des salariés de décider eux-mêmes, au niveau de l'entreprise, de leur politique de formation, d'organisation du travail ou d'insertion des jeunes, c'est le principe de base avancé par Manuel Valls. Et cela revient à donner plus de poids à la négociation d'accords d'entreprise qu'à la loi en matière de droit du travail. Une évolution rendue nécessaire, selon le Premier ministre, par la complexité croissante du code du travail qui fait que, dans l'ignorance de leurs droits, les salariés ne sont en fait plus protégés par la loi.
Cette idée qui revient à inverser la hiérarchie entre négociation et législation, déjà évoquée par Manuel Valls, suscite l'enthousisame du président du Medef Pierre Gattaz qui invite le gouvernement à conclure dans ce sens, avant la fin de l'année. Mais ce changement de perspective ne connait pas le même accueil parmi les syndicats, inquiets de leur faible représentation en entreprise, ni même au sein du PS.