Université d'été du PS: la ligne Valls pour clore les débats?

Le discours de clôture de l'université d'été du PS par le Premier ministre est toujours le moment fort de La Rochelle. Cette année, Manuel Valls est encore une fois très attendu. Après le congrès de Poitiers au mois de juin, qui a confirmé le soutien des militants à la ligne du gouvernement, il va défendre son bilan et réaffirmer le cap avant l'échéance des régionales. Un scrutin qui s’annonce difficile, pour une gauche qui affiche sa désunion.

Avec nos envoyées spéciales à La Rochelle, Valérie Gas et Anissa el-Jabri

S’adresser aux socialistes, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Dès son arrivée à La Rochelle, Manuel Valls a pris soin de rappeler que son objectif c’est de « parler de ce qui intéresse d’abord les Français. Parce que les Français attendent des responsables publics qu’ils répondent d’abord à leurs attentes, à leurs angoisses, et à leurs espérances. Et je reste concentré sur ce qui est essentiel pour le pays. »

Une manière de dire à tous ceux qui s’enferreraient dans les polémiques internes sur les 35h, et Emmanuel Macron, que lui, le Premier ministre, était au-dessus de la mêlée. Qu’il était là pour aborder les vrais sujets, politique économique, emploi, terrorisme, mais aussi « le défi migratoire, après les drames que nous connaissons en Méditerranée. Et bien sûr, nous avons tous en tête la découverte dans ce camion de ces dizaines de corps en Autriche. C’est insupportable. Et puis j’évoquerai ce que sont nos valeurs. »

Des valeurs comme l’égalité ou la justice sociale, avec une ambition : « Ce que je veux, c’est rendre crédible notre politique. » Mais pour cela, Manuel Valls a besoin d’obtenir des résultats.

Les régionales en ordre dispersé

D’autant que la prochaine échéance électorale approche à grands pas. Car la rentrée socialiste, c’est aussi le lancement de la campagne pour les régionales. Or, pour l’instant en tout cas, c’est bien dispersée, que la gauche aborde le scrutin des 6 et 13 décembre. Le contrat avec les partenaires naturels que sont les écologistes est « rompu », disait Jean-Christophe Cambadélis à l’ouverture, vendredi. Et pourtant, la grande peur d’une claque magistrale pour la dernière élection du quinquennat plane sur la rentrée des socialistes.

D’où cet appel à l’unité rose-verte lancé à la tribune dans la grande salle du Congrès par le député PS Christophe Borgel : « Au Sud, la façade méditerranéenne, au Nord, Calais, cette ville, cette mer, où sont posées la question centrale des migrants. Et on voudrait que les socialistes acceptent les bras ballants la division de la gauche, et laissent les deux régions dirigées par des gens qui veulent les renvoyer à la mer ? Mes camarades, nous ne l’accepterons pas. »

Règlements de comptes

Juste à l'étage loin des effets de manche, un petit espace et un débat sur les accords PS-écologistes. Très rapidement, on passe aux règlements de comptes. « J’étais candidat aux élections départementales, explique un des participants à la table-ronde. Les Verts ont choisi de travailler avec le Front de gauche. Résultat, nous avons eu des cantons, où ça s’est retrouvé droite contre Front national. Les écologistes, ces positions jusqu’au- boutistes, pour moi, ça ne passe pas du tout. »

Les écologistes coupables des défaites électorales de la majorité, l'air est bien connu et bien trop facile juge un socialiste frondeur. « On devrait les écouter plutôt que de les renvoyer face à la nécessité de l’Union face au FN. Si le FN monte, c’est aussi parce que nous, nous ne sommes pas capables de répondre aux aspirations des classes populaires. Qu’ils n’assument pas ce bilan, c’est normal. Moi, en tant que socialiste, je n’assume pas ce bilan. »

Conclusion dans un soupir d’un député PS : « l’union est toujours un combat. »

Un dîner bien agité !

Illustration s'il en est du combat permanent... Manuel Valls était, ce samedi 29 août, au banquet habituel avec les militants socialistes. En plein dîner, des jeunes socialistes, les MJS, ont commencé à scander « Macron démission », « Taubira, présidente », « les 35 heures, on s’est battu pour les avoir, on se battra pour les garder »...

Naturellement des provocations à destination du Premier ministre qui s’est levé pour aller discuter avec eux et essayer de les calmer. Cet incident qui a donc perturbé la soirée a, semble-t-il, beaucoup énervé le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis. Du coup, Manuel Valls ne s’est pas attardé à table.

Les jeunes socialistes sont coutumiers du fait. Leur présidente, Laura Slimani, a soutenu leurs propos sur le fond, en disant qu’elle était, elle, favorable aux 32 heures tout en reconnaissant qu’ils étaient un peu « fougueux ». En tout état de cause, cela montre la sensibilité du sujet des 35 heures au PS, les difficultés d’une partie des militants socialistes à accepter Emmanuel Macron comme ministre de l’Economie et les clivages qui restent tout simplement dans ce parti. Dans son discours de clôture, ce dimanche, Manuel Valls va donc devoir faire preuve de beaucoup de persuasion pour rassurer un parti socialiste bien déboussolé.

Partager :