France: «la bataille de la dernière chance» des éleveurs de porcs

La grogne des éleveurs porcins en France est toujours aussi vive. La Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles réclame ce mercredi 12 août des mesures d'urgence au niveau européen. Alors qu'à Plérin, près de Saint-Brieuc en Bretagne, le prix du porc doit être négocié jeudi 13 août, chez les éleveurs, c'est l'inquiétude et la colère face à ce qui pourrait devenir une véritable crise du porc français dans les jours qui viennent.

Avec notre envoyé spécial à Saint-Brieuc,  Pierre Olivier

Au beau milieu de la campagne bretonne, Paul Auffray élève 1 500 cochons. Depuis des années, il investit beaucoup dans l’automatisation de son exploitation. « Donc je rentre le nombre d’animaux, je rentre leur poids théorique et ensuite l’ordinateur calcule la quantité d’aliments qu’on distribue par jour et par cochon. Je peux être à l’autre bout du monde et commander mon élevage », explique-t-il.

Mais voilà, aujourd’hui la concurrence n’est pas si loin. Elle est européenne et est devenue telle qu’il est de plus en plus difficile de rivaliser. « Les Espagnols et les Allemands utilisent de façon massive une main-d’œuvre pas chère venant des pays de l’Est, dénonce l'éleveur. Donc aujourd’hui, les pratiques salariales allemandes et espagnoles sont de nature à détruire l’activité agricole de notre pays. Nous, on estime que c’est scandaleux. »

« Sauver notre maison »

Les industriels, eux, vont bien sûr se fournir au moins cher mais Paul Auffray qui est aussi président de la Fédération nationale porcine met en garde. « C’est un peu la bataille de la dernière chance pour qu’on puisse au moins sauver notre métier, sauver notre maison et essayer d’entrevoir un avenir un petit peu meilleur. »

Pour cela, il faudra que les industriels acceptent des compromis. Mais si les industriels et notamment la filière de la transformation, qui conditionne le porc en plats cuisinés par exemple, continuent de refuser d'acheter la viande porcine française, cela pourrait marquer la fin de toute la filière, s'inquiète Paul Auffray.

« Tous les collègues qui me connaissent, dit-il encore, espèrent simplement qu’on tienne bon parce que 1,40 euro, c’est aujourd’hui quasiment le prix d’équilibre dans nos exploitations. Si aujourd’hui, nous éleveurs, ou moi en tant que responsable des éleveurs, je devais accepter le chantage des industriels français, ce serait automatiquement accepter une baisse de 20 % de nos prix payés. Accepter une baisse de 20 % dans un premier temps, c’est accepter en quelque sorte la mort assurée pour les éleveurs dans les mois qui viennent. Donc aujourd’hui, on ne peut pas l’accepter. Ça fait sept ans qu’on est en crise, ça fait près de deux ans que nous sommes sous embargo russe, et aujourd’hui on n’entrevoit aucune solution. »

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