Attentat avorté en France: les trois suspects mis en examen

Après quatre jours de garde à vue, les trois suspects du projet d’attaque contre un site militaire du département des Pyrénées-Orientales, en France, ont été placés en détention provisoire après s'être vu signifier leur mise en examen par un juge d'instruction pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, vendredi 17 juillet 2015.

Les trois suspects, de jeunes hommes âgés de 17, 19 et 23 ans, se sont connus sur les réseaux sociaux avant de préparer leur départ en Syrie afin d’y mener le jihad. Mais les services du renseignement français ayant repéré le plus radical et le plus jeune d’entre eux, ils les ont empêchés de s’y rendre. C’est alors que les suspects considèrent avoir reçu la consigne, via un jihadiste du groupe Etat islamique présent en Syrie, de viser la France, selon les révélations du procureur de la République de Paris, François Molins, qui s'est exprimé vendredi. L'un des trois dit « s'être senti investi d'une mission au service de l'EI et vouloir répondre aux consignes de cette organisation terroriste en attaquant une cible » française, explique le procureur.

Des actions précédentes ont montré que les militaires représentaient des cibles privilégiées pour les jihadistes. Comme dans l'affaire Merah, du nom de ce jeune homme qui avait assassiné trois militaires en mars 2012, et blessé très grièvement un autre soldat. Mais cette fois-ci, le plus âgé des trois suspects avait été guetteur sur le site militaire visé par ce projet d’attaque, avant d’être réformé de la Marine nationale au début de cette année, pour « troubles d’adaptation au métier de militaire ». Son contrat avait pris fin en janvier 2015. Selon une source proche du dossier, il aurait pu nourrir une rancune personnelle contre le chef de détachement. Les trois détenus auraient envisagé de le décapiter et auraient projeté également de tuer d’autres militaires.

Encore une fois, un profil qui dénote

Les trois jeunes mis en examen, ainsi qu'un adolescent de 16 ans relâché depuis, avaient été arrêtés en toute discrétion la veille du 14 juillet, près de Valenciennes (Nord), au Chesnay (Yvelines) et à Marseille (Bouches-du-Rhône). François Hollande avait alors pris de court les responsables de l'antiterrorisme en révélant mercredi 15 juillet que « des actes terroristes » avaient été déjoués « cette semaine ». L'exécution de leur projet aurait pu se faire pour fin décembre 2015 ou début janvier 2016, mais aucun des trois n'a indiqué, lors de sa garde à vue, avoir choisi cette période en référence à la date anniversaire des attentats de janvier 2015, a précisé François Molins.

« Il était prévu qu'ils se fournissent notamment en armes de poing », a en revanche expliqué le procureur, qui explique qu'aucune arme et aucun explosif n'a été retrouvé à leurs domiciles, alors que vendredi, les habitants de Beuvrages interrogés par la presse ont décrit le plus jeune suspect comme un garçon féru d'informatique, « sérieux » et « travailleur ». Il venait de décrocher une mention « bien » au baccalauréat, selon une source proche du dossier citée par l'Agence France-Presse. « D'après les personnes qui ont pu l'approcher », le garçon « était très réservé », a confié à la presse le maire du village, André Lenquette. Ce dernier avait été mis au courant d'une intervention policière en début de semaine, « mais de là à imaginer que c'était lui pratiquement l'instigateur... »

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