Le Parlement français approuve largement l’accord sur la Grèce

Le Parlement français s’est exprimé sur l’accord conclu entre la Grèce et ses créanciers lundi 13 juillet. Les députés français l’ont approuvé à une grande majorité. Le Sénat français l’a aussi validé par 260 voix contre 23.

Comme attendu, l'accord entre la Grèce et ses créanciers a été largement approuvé par les députés : 412 pour, 69 contre et 40 abstentions. « Ce vote conforte l’action de la France », s’est aussitôt félicité Manuel Valls. Le Premier ministre avait appelé les députés à se prononcer en faveur de cet accord. « Abandonner la Grèce, c’est nous abandonner nous-mêmes », avait-il lancé depuis la tribune après avoir rendu un hommage appuyé à Alexis Tsipras et à François Hollande.

Sans surprise, les socialistes se sont largement prononcés en faveur de ce texte. Même les frondeurs de l’aile gauche du PS l’ont majoritairement voté. « Moi, en tant que député français, je ne me sens pas fondé à estimer mieux que le Premier ministre grec Alexis Tsipras ce qui est bon pour la Grèce », s'est ainsi justifié Laurent Baumel. Aucune voix contre n'a été recensée dans les rangs des frondeurs du PS. En revanche, neuf d'entre eux se sont abstenus, dont Christian Paul. « C'est un accord incontournable. Ça n'en fait pour autant un bon accord ou un accord vertueux. Je ne crois pas qu'il serait compris que l'on veuille se démarquer de ce qu'Alexis Tsipras a souhaité faire », confie le député pour expliquer sa position neutre.

A gauche, seuls les communistes et deux élus écologistes ont finalement choisi de s’opposer à ce texte. Si les députés Front de gauche ont voté contre l'accord, ils y voient en revanche un « non » en guise de soutien aux Grecs, et de refus de la politique gouvernementale française. André Chassaigne, leur chef de file à l'Assemblée qui s'était prononcé pour l'accord lundi, explique : « Quand j'ai vu le contenu du texte, j'ai compris. On ne peut pas voter un tel contenu. Le fait de condamner le texte allait au contraire rendre service non seulement à Tsipras, mais aussi à l'ensemble des peuples d'Europe. »

De ce côté de l'hémicycle, le soutien au « médiateur Hollande » n'aura été que de courte durée et « l'esprit du 13 juillet » n'aura pas tenu l'été. Aux abords de l'Assemblée, pendant le vote, on a même ressorti les banderoles « Troïka basta ! » « Hollande a été celui qui faisait le gentille dans la négociation de Mme Merkel. Ce n'est pas un problème financier, c'est un problème purement politique. L'Allemagne est en train de serrer les écrous pour que sa politique économique soit la politique de toute l'Europe », confiait l'eurodéputé du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon parmi les participants.

Le groupe écologiste, lui, s'est divisé. « Ce plan maintient la Grèce dans l'euro, c'était notre objectif prioritaire. Sinon, c'est le début du démembrement de la construction européenne. Un plan d'aide de 85 milliards d'euros à la Grèce, c'est ce que souhaitait évidemment le gouvernement Tsipras. Ça, c'est l'acquis de cet accord. Maintenant, on voit que tout cela est très fragile, on demande beaucoup de mesures très, très rapides aux Grecs, ce qu'on a fait avec aucun autre Etat de l'Union européenne. Et par ailleurs, on ne parle pas de restructuration de la dette, c'est le FMI qui en parle. (...) Il faudra revenir sur ce point. Et on manque de visibilité. Donc, c'est évidemment un " oui " malgré ces ombres au tableau, ce n'est pas un " oui " enthousiaste », explique le député EELV François de Rugy.

La droite, elle, est apparue plus divisée que le Front de gauche sur cette question grecque. Les parlementaires Les Républicains ont quand même été nombreux à voter contre ou à s’abstenir. Certains ont jugé que ce qui était demandé à la Grèce était irréalisable. Ces élus ont été quelque peu refroidis par les déclarations d’Alexis Tsipras sur cet accord, auquel il a dit ne pas croire. « Sur le principe d'essayer de garder la Grèce, tout le monde est d'accord. Mais sur les conditions... Et est-ce que l'accord est faisable ? La réponse est non », estime Pierre Lellouche. D’autres ont été agacés par le discours satisfait de François Hollande sur ce dossier grec, eux qui jugent le président d’avoir affaibli l’axe franco-allemand.

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