Etait-ce la longue nuit blanche qu’il venait de passer ? La satisfaction affichée ce 13 juillet au matin par François Hollande s’apparentait d’abord à du soulagement : celui d’avoir évité un « Grexit », une sortie de la Grèce de l’euro. C’était une ligne rouge, et la France s’est battue tout ce week-end contre l’Allemagne. François Hollande n’a pas ménagé sa peine la semaine dernière, trait d’union entre la Grèce et l’Allemagne.
François Hollande est-il alors le sauveur de l'Europe ? Dans son camp, ils sont nombreux à le penser et à le dire. « François Hollande s’est hissé au niveau de l’histoire », a déclaré Manuel Valls, qui disait sa « fierté » de travailler aux côtés du chef de l'Etat. Certains ont même parlé d’un tournant du quinquennat. Encore un.
Certes, c'est bien au nom de l'Europe que le fils spirituel de Jacques Delors s'est démené ces dernières semaines. Mais François Hollande avait aussi en tête des considérations de politique intérieure : réconcilier la gauche sur une ligne de gauche. Si l'objectif a été atteint chez les socialistes, il l'est un peu moins du côté de la gauche radicale.
Pour Jean-Luc Mélenchon, François Hollande reste ainsi le complice du « bourreau Merkel ». Un avis partagé par le coordinateur politique du Parti de gauche, Eric Coquerel, pour qui il n'y a pas de quoi se réjouir. « Alexis Tsipras est obligé de négocier avec un pistolet sur la tempe qui est le blocus financier. Et on se retrouve avec un accord décidé finalement entre la France et l'Allemagne », reproche-t-il
Pendant ce temps, à droite, on explique que François Hollande a fini par se ressaisir, comme le lui demandait Nicolas Sarkozy dimanche 12 juillet. Mais pas question de parler pour autant d'une victoire de François Hollande. « Il n'y a ni victoire, ni défaite », juge ainsi l'ancien ministre du Budget Eric Woerth qui estime que ce dénouement est « un minimum ». « C'est un minimum que 18 pays de l'Europe puissent à un moment donné faire entendre raison à un seul », affirme-t-il. Pour Eric Woerth, il s'agit d'une victoire en demi-teinte pour la zone euro qui a montré une « piètre image » et qui doit maintenant « se réformer puissamment ».