D’un côté, il y a la femme de Vincent Lambert, ainsi que six de ses frères et sœurs. Comme les médecins de Vincent Lambert à l’hôpital de Reims, ils pensent qu’il faut interrompre l’alimentation et l’hydratation artificielles de leur mari et frère pour lui permettre de mourir.
De l’autre côté, ses parents s’opposent farouchement à cette solution qu’ils qualifient d’« euthanasie déguisée ». Ce sont eux qui ont saisi la Cour européenne pour contester la décision du Conseil d’Etat, qui, après moult rebondissements judiciaires, avait autorisé l’année dernière l’arrêt des traitements.
Fin de vie ou poursuite de l'alimentation ?
Dans son arrêt, la Cour devrait dire si la décision française concernant Vincent Lambert était conforme ou non au droit européen. Il est question en particulier de deux articles de la Convention européenne des droits de l’homme. Le premier consacre le droit à la vie ; le deuxième reconnaît le droit de chacun à l’autonomie personnelle, y compris lorsqu’il s’agit de décider des conditions de sa propre mort.
Si la Cour donne raison au Conseil d’Etat, qui a autorisé les médecins à stopper les traitements de Vincent Lambert, le processus de fin de vie pourra débuter. Si en revanche, les juges européens condamnent la France pour la violation des droits de l’homme, la nutrition et l’alimentation artificielle du patient vont se poursuivre.
Le marathon judiciaire pourrait continuer
Selon le juriste Nicolas Hervieu, la décision de la Cour pourrait poser les jalons de la jurisprudence européenne en matière de fin de vie : « C'est un arrêt qui va être extrêmement important. Pour la première fois, la Cour européenne des droits de l'homme va préciser les principes qu'elle prévoit concernant l'encadrement de la fin de vie et donc nécessairement, cet arrêt ne va pas seulement concerner la France, mais aussi l'ensemble de l'espace européen. »
L’arrêt de la Cour sera définitif sur le plan européen. Mais si les parents de Vincent Lambert sont déboutés, ils pourraient tenter de saisir de nouveau la justice nationale.