Justin Kurzel présente un «Macbeth» en rouge meurtrier

Une adaptation de la plus célèbre tragédie de Shakespeare a fermé ce samedi 23 mai la compétition au Festival de Cannes qui décerne dimanche la prestigieuse Palme d’or. Justin Kurzel, jeune réalisateur australien qui avait abordé en 2011 dans «Crimes à Snowtown» l’histoire d’un serial killer, a présenté une lecture personnelle de «Macbeth», sans réussir à donner une nouvelle dimension à l’histoire et au jeu de ses acteurs Michael Fassbender et Marion Cotillard.

Justin Kurzel plonge la tragédie shakespearienne dans les paysages ténébreux de l'Ecosse et en un rouge meurtrier de passion et de sang. Michael Fassbender incarne avec force un Macbeth aguerri, inépuisable, courageux et honnête qui crève l’écran. Dès le début, la folie meurtrière est omniprésente à cette époque où la Norvège et l’Ecosse se font la guerre jusqu’à l’os.

« Le noir est clair »

La première scène du film montre Macbeth et sa femme faisant le deuil de leur petit enfant. A l’horizon s’annonce déjà une nouvelle bataille décisive pour l’armée épuisée menée par Macbeth. La victoire qui s'ensuit sera méritée, mais fatale pour lui. Une rencontre inattendue et éphémère avec trois sorcières creusera la tombe de sa loyauté et honnêteté. Pour citer Shakespeare : « Le noir est clair ». Les sœurs fatales lui prédisent le pouvoir et la couronne dont il rêve et lui garantissent même d'être invulnérable contre toute attaque venue d'un homme sorti du ventre d'une mère.

Macbeth commet alors son premier meurtre pour écarter le général Banquo, un ami devenu encombrant pour la conquête du pouvoir. Le brouillard couvrant toujours un peu plus les contrées écossaises nous laisse imaginer son futur destin.

L’histoire shakespearienne est filmée d’une manière très physique et souvent près du sol par le réalisateur australien. Les acteurs sont bien dirigés, mais Justin Kurzel ne réussit pas à émouvoir avec cette extraordinaire matière que Shakespeare lui a laissée. Il nous offre ni un Macbeth spectaculaire ni un portrait psychologique, l’angle choisi est ni historique ni contemporain. L’approche cinématographique reste classique, à l’exception de quelques scènes de combat entrecoupées par des ralentis tout à fait réussis dans un style « manga », donnant lieu à une expression originale des visages et corps jetés dans la bataille.

« Mes mains ont la couleur des vôtres »

Reste la langue shakespearienne, interprétée en anglais, avec corps et âme, par les acteurs. L’acteur germano-irlandais Michael Fassbender et la Française Marion Cotillard ne parviennent pas vraiment à déployer la beauté de la langue et la cruauté de la pièce. Cotillard, pas assez vicieuse, pas assez désespérée, pas assez amoureuse, n’est qu’à moitié convaincante dans le rôle d’une Lady Macbeth qui poussera son mari au crime, avant que la trahison la brise à son tour : « mes mains ont la couleur des vôtres, mais j’ai honte de porter un cœur si blanc ».

A la fin, quand les nuages toucheront les montagnes froides et raides de ce royaume qui baigne dans le sang, on a l’impression que l’histoire est passée trop vite et d’une manière beaucoup trop simple pour être à la hauteur de cette tragédie qui hante l’humanité depuis des siècles.

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