Procès de Clichy-sous-Bois: relaxe requise contre les deux policiers

Le parquet a requis la relaxe, hier jeudi 19 mars, dans le procès des deux policiers poursuivis pour non-assistance à personne en danger, après la mort en 2005 de deux adolescents à Clichy-sous-Bois. Ce drame avait été à l’origine de violentes émeutes dans les banlieues françaises. En dix ans de procédure judiciaire, la position du ministère public n’aura donc jamais varié.

Avec notre envoyé spécial à Rennes, Franck Alexandre

Depuis le début, chacun campe sur ses positions et ce procès n’aura pas fait évoluer les choses. Pour la cinquième fois dans cette procédure à rebondissements, le parquet réaffirme qu’il n’y a pas lieu de poursuivre.

La procureur Delphine Dewailly souligne qu’en droit, l’exigence de secours n’est valable que lorsque le danger est constaté et non pas supposé. Or, précise-t-elle, le policier Sébastien Gaillemin, présent sur les lieux du drame, n’était pas certain que les jeunes soient entrés sur le site EDF. « Ce n’était qu’une hypothèse, défend-elle. Crier en direction de la centrale, dire de ne pas bouger n’aurait servi à rien car les jeunes se cachaient. »

Quant à Stéphanie Klein, la policière aux commandes du standard du commissariat de Livry-Gargan, elle n’a eu que quelques minutes pour se faire une opinion et a légitimement pensé que tout danger était écarté.

Par conséquent conclut la représentante du parquet, « n’étant pas conscient de la réalité du péril, on ne peut reprocher à ces deux policiers de ne pas avoir agi », ajoutant « on n’apaise pas un drame en créant une nouvelle injustice ».

Mais pour les parties civiles, le péril était imminent et les policiers se sont volontairement abstenus d'intervenir. Jean-Pierre Mignard, un des avocats des familles des victimes : « Il me semble quand même que c'est un réquisitoire qui vise exagérément à mettre les fonctionnaires hors de cause. Donc dans tous les cas, pas de condamnation. J'ai même eu parfois le sentiment que madame la procureur n'était pas dans la salle quand nous avons plaidé. C'est un dialogue de sourd qui dure depuis des années. »

Pour les familles de Zyed et Bouna et leurs avocats cette demande de relaxe est une injustice. Ils ont le sentiment de ne pas avoir assisté au même procès. Depuis dix ans un sentiment d'injustice prospère à Clichy-sous-Bois et ce procès n'aura visiblement pas permis d'apaiser la situation.

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