Bernard Cazeneuve initie une délicate réforme de l'islam de France

Le ministre de l'Intérieur a présenté ce mercredi 25 janvier une série de mesures pour réformer le Conseil français du culte musulman (CFCM), qui n'a jamais convaincu jusqu'à maintenant. Bernard Cazeneuve demande à cette instance, qui représente la deuxième religion de France, de mieux s'organiser. Le CFCM sera ainsi élargi et diversifié, et les imams seront incités à une formation civique.

Certains musulmans critiquent vivement le CFCM. Ils l'assimilent à une coquille vide qui n'a jamais rempli sa mission. C'est une émanation de l'Etat, voulue il y a douze ans par Nicolas Sarkozy. Son but : instaurer le dialogue entre l'islam de France et l'Etat. Mais de très nombreux fidèles ne se sentent pas suffisamment représentés.

Parmi la série de mesures présentées ce mercredi en Conseil des ministres figure la mise en place d'une nouvelle instance. Elle se réunirait deux fois par an avant le ramadan et serait ouverte à la société civile - intellectuels, universitaires, ou encore à des mosquées autonomes.

« Cette communication repose sur un certain nombre d'orientations nouvelles, a détaillé Bernard Cazeneuve. D'abord, la volonté que nous avons d'instaurer autour du Premier ministre, deux fois par an, une instance de dialogue rassemblant l'ensemble des organisations et des personnalités représentatives des Français musulmans. Il y aura dans cette instance de dialogue le CFCM, dont nous respectons et reconnaissons l'action ; il y aura également des représentants des conseils régionaux des cultes musulmans ; des imams représentatifs d'un islam modéré de tolérance en France ; ainsi qu'un certain nombre de personnalités. Cette instance de dialogue traitera de questions extrêmement précises : celle de la formation des imams, celle de l'abattage rituel, celle de l'organisation du culte musulman dans la relation avec les institutions de la République et dans le respect des principes rigoureux de la laïcité. »

Sécuriser davantage les lieux de cultes

Le problème de l’organisation de l’islam de France n’est pas nouveau. Nicolas Sarkozy s’en était déjà préoccupé en créant, en 2003, le Conseil français du culte musulman, une instance censée représenter toute la communauté. Mais douze ans plus tard, force est de constater que le CFCM ne fait pas l’unanimité et que certains problèmes restent patents. Au premier rang desquels celui de la formation des imams et de leurs liens avec des Etats étrangers. La plupart d'entre eux viennent de l'étranger, ils ne maitrisent pas toujours la langue française.

Une autre des mesures préconisée concerne la question de l'insécurité des lieux de cultes, souvent victimes d'actes de vandalisme. Le gouvernement s'engage en effet à injecter plus de moyens avec la mise en place de vidéos surveillances. Hier, on apprenait hier que les actes islamophobes ont littéralement explosé en ce début d'année en France. 176 ont été recensés au mois de janvier, c'est plus que sur toute l'année précédente.

La manoeuvre est délicate pour le gouvernement car en France, l’Etat et la religion sont séparés en vertu de la loi de 1905. L’organisation de l’islam de France ne doit pas empiéter sur le sacro-saint principe de laïcité. Une difficulté à laquelle s’ajoute l’absence d’organisation hiérarchique dans l’islam. Mais après les attentats du mois de janvier, l’émotion et la peur, le risque de stigmatisation de la communauté, une nouvelle initiative pour essayer de trouver les moyens d’endiguer le phénomène de radicalisation était incontournable.

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