François Hollande attendu à Davos

C'est ce vendredi 23 janvier en fin de matinée que François Hollande doit s'exprimer en plénière devant quelque 2 000 personnes, parmi lesquelles une majorité de grands patrons. Un exercice délicat, car à Davos on attend du concret, on attend d'être convaincu.

Avec notre correspondante à Davos, Mounia Daoudi

Trois ans jour pour jour après avoir déclaré « mon adversaire, c'est la finance », François Hollande se retrouve dans le Saint des Saints du libéralisme : Davos et ses quelque 2 000 grands patrons. Mais il arrive avec un capital sympathie certain. Oubliée sa déclaration du Bourget ; oubliée la taxe à 75% pour les revenus annuels de plus d'un million d'euros. Les attaques terroristes de Paris ont marqué les esprits, et on attend du président français des engagements forts face à une menace devenue globale. Pour 72% des grands patrons, l'incertitude géopolitique constitue le premier danger pour leur activité. Pour ce Canadien, patron d'un grand groupe agroalimentaire, le président français doit lancer « un appel à la solidarité au sujet de toutes ces questions de sécurité, et il aura notre soutien ».

Avant les attaques terroristes qui ont ensanglanté Paris, le président français avait prévu de parler climat. Il a revu sa copie et devrait appeler à « une réponse globale » aux menaces terroristes et climatiques. Paris accueille à la fin de l'année la conférence de l'ONU sur le climat. En revanche, pas question pour le chef de l'Etat français, selon son entourage, de justifier ses choix en matière de politique économique, là où il reste le plus attendu à Davos. De nombreux dirigeants d'entreprise veulent comprendre les politiques engagées, et certains à Davos aiment être courtisés. Le Britannique David Cameron sait leur parler ; ses interventions font salle comble. A François Hollande de relever le défi, car quand un discours ne plait pas, des gens n'hésitent pas à quitter la plénière.

« Réformes, compétitivité, politique économique, attractivité, fiscalité »

« J'attends de lui que François Hollande réagisse en premier à la décision de la Banque centrale européenne et qu'il nous dise comment cela va aider l'économie française, explique ce Britannique à la tête d'un cabinet d'affaires. J'attends aussi qu'il fasse un point sur les réformes structurelles qu'il a initiées, et bien sûr, il doit nous parler de Charlie Hebdo» Cet autre patron américain d'un cabinet de consultants ne perd pas le Nord. « Réformes, compétitivité, politique économique, attractivité, fiscalité, énumère-t-il, ce sont des questions qui occupent les grands patrons. Et nous espérons que le président nous dira comment il entend répondre à ces questions. » Pas sûr, donc, qu'un discours axé uniquement sur le terrorisme et le climat satisfasse tout le monde à Davos.

Maurice Lévy, patron de Publicis et habitué du Forum, explique pourquoi il est « indispensable » que le président se rende dans cette enceinte. « Davos apporte quelque chose d'essentiel, souligne-t-il, c'est la participation directe, la plus grosse au monde, de chefs d'entreprise capables de prendre des décisions d'investissements dans les 15 prochains mois [...] Et je vois mal comment on peut bouder Davos. C'est tellement important pour tous les gens qui sont là d'entendre la voix du président. » Selon lui, le discours de François Hollande aura forcément une dimension économique : « Le président doit pouvoir rassurer sur toute la partie de réformes, sur le fait que les investisseurs doivent pouvoir venir en France plutôt qu'ailleurs, et rassurer aussi sur le fait qu'ils seront bien traités et bien aimés. »

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