avec notre envoyée spéciale à Davos,Mounia Daoudi
Qui aurait pu imaginer que la réunion annuelle du Forum économique mondial, rendez-vous incontournable de l'élite libérale, où les grands dirigeants de multinationales ont pris l'habitude de façonner l'économie de la planète, fasse une place aussi importante au politique ? Cette année à Davos les conflits, qui n'épargnent aucune région du monde, se sont invités et la petite station de ski des Grisons rassemble en un même lieu les partie-prenantes de nombreux conflits qui secouent la planète. L'Ukrainien Petro Porochenko, le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi, l'Egyptien Mohammed al- Sissi ou encore le Malien Ibrahim Boubakar Keïta... en tout 300 personnalités politiques dont 40 chefs d'Etat et de gouvernement ont fait le voyage, l'occasion de nombreuses rencontres bilatérales même informelles.
Les patrons n’ont pas trop le moral
Car selon une étude de Price Waterhouse Cooper rendue publique hier, l'incertitude géopolitique est pour 72% des grands patrons interrogés la principale menace pour leur activité, devant l'instabilité sociale 60% et le chômage 49%. C'est donc du nouvel environnement mondial que les participants à ce 45ème Davos vont débattre avec deux préoccupations, comment relancer la croissance et garantir la sécurité.
Et les patrons sont aussi bien moins optimistes qu'ils ne l'étaient il y a encore un an sur la reprise de l'économie mondiale. Et en cela, ils ont été confortés par les prévisions de croissance revues hier à la baisse par le Fonds monétaire international.
Il est vrai aussi qu'en un an de nouvelles menaces ont surgi. Ainsi dans la zone euro où la menace de déflation est prise très au sérieux. On attend d'ailleurs ici avec beaucoup d'intérêt la décision de la Banque centrale européenne qui pourrait annoncer demain un vaste programme de rachat d'actifs.
Le ralentissement en Chine, dont on ne mesure pas encore toute les conséquences, inquiète également. Et pour la première depuis cinq ans, les grands patrons considèrent que les Etats-Unis sont un meilleur relais de croissance pour leur entreprise devant la Chine, c'est dire les bouleversements que connait l'économie mondiale.
Autres sujets d’inquiétude, la spirale baissière dans laquelle s'est engagé le pétrole et plus généralement les matières premières et la volatilité des marchés. Un climat d’instabilité indéniable qui n'est jamais bon pour les affaires.