Le rythme s’est accéléré dès le petit matin avec les interviews des plateaux de télévision et de radio. En tête, l’eurodéputé José Bové qui s’en prend directement au ministre de l’Intérieur, accusé d’avoir délibérément créé de la tension « en mettant des gendarmes pour garder une zone sans aucun engin de chantier ».
Dans un registre différent, l’ancienne ministre de l’Environnement Cécile Duflot dénonce en bloc le gouvernement : « Aucun de ses membres depuis 48 heures, la date du drame, ne s’est exprimé pour présenter ses condoléances et regretter ce qu’il s’est passé. Cela va finir par faire une tache indélébile sur l’action de ce gouvernement, qui avait pourtant fait de la jeunesse sa priorité. »
A l’instar de la secrétaire nationale d’Europe Ecologie - Les Verts, Emmanuelle Cosse, l’ancienne ministre a rappelé la rareté des drames sur les chantiers ou mesures politiques contestées. Trois jeunes décédés depuis 1977 : le premier sur le site nucléaire de Creys-Malville dans l’ouest de la France. Le second à Paris, en 1986, l’affaire Malik Oussekine, victime d’une bavure policière très médiatisée, après une manifestation étudiante contre un projet de réforme universitaire. Enfin, le jeune Rémi Fraisse.
Réactions en chaîne contre ces accusations
Dans un délai de 20 minutes, dans l’attente des résultats de l’autopsie (mort due à une explosion venue des forces de police ou des autres manifestants), pas moins de trois prises de paroles majeures sont à relever : ministre de l’Intérieur, président de la République et Premier ministre. Dans la soirée, le procureur a indiqué que l'analyse des vêtements de Rémi Fraisse révèle des traces d'un explosif utilisé dans les grenades des gendarmes.
Pour sa défense, le ministre de l’Intérieur n’a pas évoqué l’approximation de Cécile Duflot qui a oublié son communiqué émis depuis le ministère lundi soir pour condamner les « violences inacceptables » de la part des « casseurs » sur le chantier en exprimant ses condoléances aux proches de la victime, Rémi Fraisse.
C’est mardi matin, dès 9 heures, que Bernard Cazeneuve a contesté en public les propos de José Bové en parlant « d’instrumentalisation politique ». Lors de sa conférence de presse, le ministre a rappelé le « climat de violence autour de ce barrage avec 56 gendarmes et policiers blessés depuis septembre dernier ».
Quelques minutes après, le président Hollande rendait hommage à la famille en prenant la responsabilité de cette affaire sur ses épaules : « La première responsabilité, c’est la mienne. Il y a dans ce pays des règles de droit et je veillerai à leur application. Et c’est le travail de la justice. »
Quant au Premier ministre, il a préféré l’apaisement en voulant fédérer les forces en question. « Il ne faut pas tout mélanger, il ne faut pas tout opposer. J’en appelle à la responsabilité de tous. »
D’autres foyers de tensions
En France, c’est à Nantes où il existe un autre projet très contesté, l’installation d’un aéroport, que les heurts en soutien au jeune militant décédé ont été les plus violents.
Mais bien d’autres projets, de moindre ampleur (passage de lignes TGV ; aménagement de routes et d’autoroutes…) concernent toutes les régions du pays, qui n’est pas à l’abri d’un énième débordement.