Parti socialiste: réunion de famille «rock’n’roll» à La Rochelle

Désunie, ébranlée par une polémique sur les 35 heures, troublée par l’ovation debout des patrons à Manuel Valls et une grave crise gouvernementale, la « famille » socialiste au grand complet ouvre aujourd’hui son université d'été à La Rochelle dans une ambiance électrique.

Avec notre envoyée spéciale à La Rochelle, Anissa El Jabri

Officiellement, ils sont nombreux à entonner l’air du « nous les socialistes, nous sommes des habitués du débat », mais en coulisse, un pilier du parti souligne que « ça va être rock’n’roll », et c’est un cadre pourtant habitué aux foires d’empoignes et autres petites phrases empoisonnées qui le dit.

C’est qu’avant même l’ouverture, on se demande déjà chez les frondeurs qui votera la confiance à Manuel Valls. « Arrêtons de brandir cette idée qu'il y aura une dissolution si on défend des idées différentes ». C’est ce que dit par exemple Jean-Marc Germain, un très proche de Martine Aubry, la maire de Lille qui ne sera pas présente, car si elle parle, dit un frondeur, « dans le contexte, ça serait comme un bidon d’essence dans un feu de joie ».

Limiter la casse

Et pourtant, au gouvernement, à la tête du parti, on tente de limiter la casse. Le premier secrétaire a déjà commencé à taper jeudi du poing sur la table. Pour sa première rentrée en tant que patron, Jean-Christophe Cambadélis veut tout faire pour éviter le désordre. Il a appelé « tous les socialistes à ne pas surjouer leurs différences ».

Autour du président et du Premier ministre aussi, on s'est organisé et pas question de laisser la fronde s’étendre de l’Assemblée nationale au parti.

Alors, une tribune de 200 députés a été publiée dans le journal Le Monde. Deux cents sur les 289 du groupe des élus qui se disent ni godillots ni déloyaux, une manière de souligner que les frondeurs sont peut être bruyants mais minoritaires. Surtout ceux-ci n’ont pas de chef et ont prévenu qu’il n’était pas question de laisser Arnaud Montebourg prendre leur tête.

L’ancien ministre de l’Economie sera bien là, avec les autres débarqués, Aurélie Filipetti et Benoît Hamon. Tous ont prévu de prendre la parole mais le vrai test de l’unité des socialistes sera dimanche avec le discours de Manuel Valls. Chômage qui explose, résultats qui ne viennent pas : le Premier ministre devra s'expliquer face aux siens.

Des militants pas plus sereins

Coté militants, on redoute la division, le grand déballage. Et il faut chercher pour trouver un militant serein, en total adéquation avec la ligne qu’esquisse le nouveau gouvernement. « Il faut laisser derrière nous toutes les idées d’extrême gauche, qu’il faut abattre le capital, tempère néanmoins l’un d’eux. Le capital c’est les entreprises, les entreprises nous donnent du travail. Moi, tout ce qui fournira du travail à tous ces employés qui sont aujourd’hui au chômage, ça me convient. »

Pas la peine d’en parler à son aîné, un militant d’une soixantaine d’années qui distribue des tracts, pas content du tout des orientations du gouvernement : « Ça manque de social, c’est clair ! » Le social-libéralisme, ça ne fait partie ni du « vocabulaire », ni de la « tradition » des socialistes. La phrase est du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis. Social-libéral, en effet pour ce militant ça ne passe pas : « Ça ne va pas ensemble, il ne faut pas mélanger les deux. »

Une grande majorité se rassemble en revanche sur un point : pas touche aux 35 heures. Martine, adhérente depuis un an, n’imagine même pas que cela puisse arriver : « On ne reviendra pas là-dessus parce que même les chefs d’entreprise ont dépassé ce stade. C’est un faux débat. »

Et voilà pour Emmanuel Macron, tout nouveau ministre de l’Economie, qui avait relancé le débat. Invité à l'université d’été, il a décliné. Officiellement, le nouvel arrivé à Bercy organise son équipe.

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