Prestation réussie pour Arnaud Montebourg, conclue par un vibrant « vive le redressement de l'économie française, vive la République et vive la France ». Le ministre socialiste a annoncé ce jeudi après-midi sa nouvelle feuille de route pour les mois à venir. Cinquante minutes de discours contre l'austérité et pour le pouvoir d'achat.
Son projet de loi comprendra une trentaine de mesures. Objectif affiché : rendre aux Français de l'argent, quitte à s'attaquer aux monopoles règlementés de certaines professions (huissiers, avocats, auto-écoles ou encore opticiens). Selon lui, toutes ces professions proposent des services trop chers et cassent le pouvoir d'achat des ménages.
La règle des trois tiers de Montebourg
Le ministre de l'Economie espère ainsi restituer l'équivalent de 6 milliards d'euros aux classes moyennes, car les économies publiques doivent selon lui profiter aux ménages aussi. D'où la nouvelle répartition qu'il propose pour les fameux 50 milliards d'économies annoncés par le gouvernement.
Arnaud Montebourg espère voir s'appliquer la règle des trois tiers : un tiers pour résorber les déficits, un autre pour réduire les impôts des ménages, et un dernier tiers pour diminuer les prélèvements sur les entreprises, conformément aux engagements du pacte de responsabilité.
« Il faut effectivement hâter le pas »
Concernant ce fameux pacte justement, le ministre a rappelé les chefs d'entreprise à l'ordre. Il leur demande d'embaucher et d'investir autant qu'ils le peuvent, en contrepartie des dizaines de milliards de sacrifice faits par les Français. Pour Frédéric Saint-Geours, président de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM, membre du Medef), le message est reçu « cinq sur cinq ».
« Il est normal que, du côté des entreprises, nous fassions notre part du travail par rapport à nos objectifs de recrutement, d'emploi des jeunes, des séniors, d'alternance. Il faut effectivement hâter le pas », confie-t-il, pressé par ailleurs de voir l'Etat soutenir davantage les investissements, l'autre priorité de M. Montebourg.
« Ces 50 milliards, c'est dangereux »
La feuille de route est donc donnée. Elle sera détaillée à l'automne. Et il faudra ensuite s'y tenir. Mais déjà, le patron du syndicat Force ouvrière (FO) Jean-Claude Mailly, assis au premier rang pendant le discours du jour - après avoir boycotté la conférence sociale en début de semaine -, semble satisfait.
« Entendre un responsable du gouvernement dire que l'Union européenne fait fausse route sur la sortie de crise, voilà qui pose les bonnes questions, s'enthousiasme-t-il. Après, je ne suis pas d'accord avec tout ce qu'il a dit. Par exemple, il justifie les 50 milliards de réduction des dépenses publiques et sociales, en disant qu'il faut les répartir différemment. Moi je considère que ces 50 milliards, c'est dangereux. Mais au moins, ça permet un débat, et c'est déjà quelque chose de positif. »
« Une idée séduisante »
Sur l'échiquier politique, à droite, les promesses sont plutôt bien accueillies aussi. Jointe par RFI, l’ancienne ministre Marie-Anne Montchamp, actuelle déléguée générale à l’UMP, réagit : « C'est une idée qui est intéressante, séduisante dans son principe d'affectation », reconnait-elle, avant de nuancer :
« Est-ce qu'avec l'équivalent de 6 milliards, on relance l'économie française ? Est-ce que relancer la demande, c'est le sens de l'histoire et de la réforme économique ? Très honnêtement, je pense que les volumes sont faibles et que l'ampleur des besoins n'est pas de cette nature. »