C'est un Manuel Valls à la volonté réformatrice qui s'est exprimé en conclusion de la conférence sociale. Il l'a répété à plusieurs reprises : la France doit mener des réformes, elle doit se mettre en mouvement.
Sur le fond, le Premier ministre a confirmé la volonté de l'exécutif d'agir davantage en faveur de l'emploi des jeunes, notamment à travers l'alternance et l'apprentissage. Manuel Valls a d'ailleurs annoncé le dégagement de 200 millions d'euros supplémentaires pour relancer l'apprentissage. Cela doit être voté la semaine prochaine. Objectif : atteindre 500 000 apprentis en 2017. L'année dernière, ils étaient environ 415 000.
Toujours au sujet de l'emploi des jeunes, Manuel Valls a confirmé que la garantie jeunes, une allocation d'environ 450 euros par mois pour les jeunes précaires, serait élargie. Elle concernera 100 000 personnes de 18 à 25 ans à l'horizon 2017. Un élargissement qui satisfait la CFDT.
Pour Valls, un refus prolongé du dialogue serait incompréhensible
Manuel Valls a également évoqué le pacte de responsabilité. Il a reproché au patronat de ne pas avancer suffisamment dans les négociations par branches professionnelles, consacrées à la création d'emplois en contrepartie des aides prévues par l'Etat. Le chef du gouvernement a, au passage, appelé à réduire le nombre de branches professionnelles par sept en dix ans.
Manuel Valls s'est aussi employé à montrer son attachement au dialogue social et à la tenue de cette conférence. Il l'a même qualifiée d'accélérateur du dialogue social. Et comme le président François Hollande la veille, le Premier ministre a jugé que ce rendez-vous, le troisième du quinquennat, a été utile aux Français.
Il est aussi revenu sur le fait marquant de cette conférence : le boycott de l'événement par plusieurs syndicats. Manuel Valls le dit : il ne minimise pas ce geste. Mais il ne veut pas lui donner une portée excessive non plus. Le chef du gouvernement souligne que ces boycotts sont des gestes ponctuels. Pour lui, un refus prolongé du dialogue serait incompréhensible. Au total, quatre organisations syndicales ont fait défection.
Un gouvernement jugé trop à l'écoute du patronat
Le dernier coup d'éclat, c'était ce mardi matin. La Fédération syndicale unitaire (FSU, le syndicat majoritaire dans l'Education nationale), a claqué la porte de la conférence. Les membres de la FSU sont sortis des tables rondes auxquelles ils participaient en milieu de matinée, après s'être exprimés sur certains sujets. Motif de ce départ anticipé : la direction de la FSU juge que tout semblait avoir été décidé par avance.
Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, regrette également de ne pas avoir obtenu suffisamment de réponses sur les conséquences du pacte de responsabilité concernant la fonction publique.
Mais le coup de tonnerre est surtout venu la veille, avec le départ de la CGT et de Force ouvrière, deux des cinq syndicats représentatifs au niveau national. Leur mécontentement a principalement été provoqué par les concessions faites par Manuel Valls au patronat la semaine précédente.
Nouvelle baisse d'impôts en perspective pour 2015
Le Premier ministre avait annoncé sans concertation un report partiel du compte pénibilité. Ce mardi, c'est à l'égard des classes moyennes qu'il a fait un effort. Pour soutenir leur pouvoir d'achat, une baisse de l'impôt sur le revenu de ces ménages sera prévue dans la loi de finances pour 2015.
« Nous avons engagé un mouvement de baisse des impôts dans les lois financières en cours de discussion au Parlement. A partir du 1er janvier 2015, un allégement de cotisation salarial augmentera directement le salaire net de 5 millions de salariés et de plus de 2 millions de fonctionnaires. Ces mesures seront prolongées et pérénnisées. La loi de finances pour 2015 organisera ainsi une nouvelle baisse de l'impôt sur le revenu des ménages des classes moyennes », a expliqué le Premier ministre.
A noter tout de même que les boycotts ne font pas l'unanimité chez les syndicats. Pour les réformistes, la conférence sociale est restée « légitime ». Carole Couvert, la numéro un de la CFE-CGC, a relevé que les syndicats encore présents représentent 51% des salariés. La CFDT ne cautionne pas non plus ce mouvement. Laurent Berger, son secrétaire général, salue « un tas d'avancées » à l'issue de ce rendez-vous. Une preuve à ces yeux qu'il fallait être autour de la table pour cette conférence sociale.
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