Manuel Valls se targue de parler clair. Et devant le Conseil national du Parti socialiste, il a en effet été très explicite. « La gauche peut disparaître et la France peut se défaire tant il y a des successions de crise. Et face à ça, il faut tenir bon ! », a-t-il lancé. Comprendre : se serrer les coudes. « Il faut à la fois une discussion de qualité entre le gouvernement et les parlementaires. En même temps, il ne faut pas tomber dans la guérilla parlementaire », a poursuivi Manuel Valls.
Ce message, le Premier ministre l’adresse à ces socialistes que l’on appelle « les frondeurs » et qui rejettent le pacte de responsabilité et le plan d’économie budgétaire. Un message que l’un d’entre eux, Laurent Baumel, n’a pas vraiment apprécié : « Je ne suis pas un enfant qui a besoin de se faire recadrer par ses parents. On prend nos responsabilités et ce n’est pas un discours, à un moment donné, du Premier ministre qui va nous faire changer d’avis. »
« Ça avait un petit côté "circulez, il n’y a rien à voir". On vient de se prendre deux défaites majeures, mais la réponse politique, c’est "dorénavant, c’est comme avant" », reproche le député européen Emmanuel Maurel sur RFI, qui prévient : « Cela n’éteindra pas de toute façon le débat qu’il y a au sein du groupe parlementaire, et plus largement au sein du Parti socialiste, sur la ligne économique menée par le président depuis début janvier. » D’après lui, plutôt que d’essayer de les faire taire et de les ramener dans le rang, il faut au contraire écouter ces frondeurs qui peuvent être rassembleurs. « Les propositions qui sont faites aujourd’hui par ceux qu’on appelle "l'appel des cent" correspondent à une aspiration qui va bien au-delà du Parti socialiste. Nos partenaires écologistes, nos partenaires communistes, pourraient être d’accord avec elles. Donc on a une occasion de rassembler la gauche. Je pense qu’il faut la saisir », assure-t-il.
Les frondeurs veulent amender la loi de finance rectificative, bientôt examinée à l’Assemblée. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, estime que le débat est légitime et qu’il aura lieu. Et après ? « On vote. Et puis à partir du moment où on vote, il y a une majorité qui se dégage. Dans le Parti socialiste, il y a une minorité active, mais cette minorité active ne fait pas une majorité », rappelle Jean-Christophe Cambadélis. Une autre manière de dire que la ligne politique du gouvernement ne changera pas.