Dans le cinéma ou le spectacle vivant, les employeurs ont largement recours à des salariés temporaires. Les intermittents, c'est-à-dire les deux tiers des salariés du spectacle, ont donc un statut précaire qui les expose aux périodes de chômage bien plus que les autres salariés.
C'est pourquoi en 1936 était instauré un régime dérogatoire. Pour bénéficier d'une indemnisation en période creuse, les intermittents du spectacle doivent avoir travaillé pendant moins longtemps et sur des durées plus courtes. Mais leurs cotisations sont deux fois plus élevées que dans le régime général.
La Cour des comptes a semé le trouble en évaluant à un milliard d'euros le coût pour la collectivité de ce régime dérogatoire. L'assurance chômage ne l'estime qu'à 320 millions d'euros. La réforme contestée par les intermittents durcirait encore les conditions pour faire 190 millions d'euros d'économies.
Le monde du spectacle est unanime à défendre l'indemnisation des intermittents au nom de l'exception culturelle française. Mais ses détracteurs soulignent le recours abusif à l'intermittence par les grandes sociétés de l'audiovisuel afin d'éviter d'embaucher des salariés à plein temps.
Les festivals de l'été menacés
Le festival de théâtre d'Avignon, et d'autres rendez-vous d'été - de musique, de danse - auront-ils lieu cette année ? La réponse reste en suspens. Elle dépendra de la réaction du gouvernement face à la colère des artistes, des techniciens du spectacle et de leurs employeurs. En parallèle, une soixantaine de directeurs d'institutions ont écrit au Premier ministre pour lui demander de revenir sur la nouvelle convention du régime chômage des intermittents. La lettre explique que les « mouvements de protestation menacent le bon déroulement des rendez-vous, et donc le rayonnement de la France à l'étranger ». Des spectacles ont déjà été annulés dans le sud de la France.
→ A (RE) ECOUTER : Faut-il remettre en cause le régime des intermittents ?