L'UMP est toujours dans la tourmente. Le domicile de Guillaume Peltier, l’un des vice-présidents du parti a été perquisitionné mardi dans le cadre d'une enquête pour délit de favoritisme et prise illégale d'intérêts. Jeudi, c'est cette fois Jérôme Lavrilleux, celui par qui le scandale Bygmalion est arrivé, qui règle ses comptes dans l’hebdomadaire Le Point. L’ancien bras droit de Jean-François Copé y attaque nommément plusieurs des principaux ténors du parti.
La semaine dernière, Jérôme Lavrilleux avait reconnu ses torts lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012. Cette fois, l’ancien bras droit de Jean-François Copé sort ses griffes : la charge vis-à-vis de plusieurs ténors de l’UMP est extrêmement violente. « Le problème dans le milieu c’est qu’il y a des gens morts de l’intérieur : Baroin, Juppé, assène-t-il. Copé ne l’est pas, Fillon non plus, lui il est complexé de l’intérieur, il est dans l’auto-émasculation tout en ayant besoin de prouver sa virilité ».
Ces portraits au vitriol ne s’arrêtent pas là. « Wauquiez, c’est une raclure », lance-t-il, insultant. Avant d’enchaîner : « NKM, ce n’est pas une belle personne, Le Maire est très sympa et vivant, alors qu’il a l’air d’un poisson froid ». Et l’ancien directeur de cabinet de conclure sa tirade en forme de question : « Sarkozy, c’est le plus vivant de tous, mais à quoi ça sert ? ».
De l’ancien président de la République, il en est à nouveau question un peu plus tard : « Personne n’a eu le courage de dire stop à Sarkozy », accuse Jérôme Lavrilleux – sous-entendant ainsi que l’ex-président en voulait toujours plus durant la campagne de 2012. Une petite phrase qui ne manquera pas de faire réagir, à l’heure où les sarkozystes historiques demandent instamment le retour au premier plan de leur champion.
■ Nicolas Sarkozy, le retour ?
L’ex-président français Nicolas Sarkozy, concurrencé dans les sondages par Alain Juppé et cerné par les affaires, semble déterminé à revenir en politique, avec une possible candidature à l'automne à la présidence de l'UMP. Son plus proche conseiller, Brice Hortefeux, appelle de ses voeux le retour de l'ex-président, dans un entretien au journal Le Monde. Hier à l'Assemblée nationale, c'était l'ébullition.
Comme un seul homme, sourires aux lèvres et tournée de tous les micros, les sarkozystes de l'UMP défendent ardemment la descente dans l'arène de leur champion. Le député du Pas-de-Calais, Daniel Fasquelle : « Nicolas Sarkozy a toujours dit que si la France et les Français avaient besoin de lui, il était un recours possible. Ce recours est peut-être plus nécessaire que jamais ». Les sarkozystes se prennent à rêver, Roger Karoutchi, Nadine Morano. Après l’UMP, la présidentielle. Sébastien Huyghe, député du Nord : « S’il est élu triomphalement à la tête de l’UMP, la tradition de notre formation politique montre que c’est le président de l’UMP qui est notre candidat naturel ».
Contre-attaque de certains ténors
Revenir, sauver l’UMP, sauver la France : à cet élément de langage, le député UMP de la 1ère circonscription de Paris, Pierre Lellouche oppose une ironie cinglante : « J’ai du mal à trouver beaucoup de précédents dans ce domaine, sauf peut-être en Inde où les grandes dynasties indiennes ont survécu aux alternances. Mais en Europe occidentale, je ne connais qu’un exemple de quelqu’un qui était chef d’Etat battu, qui soit revenu, c’est Winston Churchill ». Nicolas Sarkozy a l’étoffe d’un Churchill ?« Pourquoi pas ? Mais je ne souhaite pas à l’Europe une guerre mondiale ».
Sarkozy à l'écart
« Tous ceux qui ont joué un rôle de près ou de loin dans la campagne de 2012 doivent se tenir à l’écart », a rétorqué l’ancien ministre Xavier Bertrand, candidat déclaré à la primaire. « Y compris Nicolas Sarkozy ? ». « Tous », a-t-il asséné.
« Que viendrait faire un homme d’Etat à la tête d’un parti ? », s'est, pour sa part, interrogé le filloniste Bernard Accoyer. Dans son interview, Brice Hortefeux émettait également des doutes sur la nécessité d’une primaire pour désigner le candidat de l’UMP à la présidentielle de 2017. Pour lui, Nicolas Sarkozy est le candidat naturel.
Défendre la primaire
En réaction, Jérôme Chartier, le bras droit de François Fillon, a brandit la menace : « si la primaire n'a pas lieu, alors tous les candidats estimeront que la primaire, c'est le premier tour de l'élection présidentielle », et le député de Paris, Bernard Debré d'ajouter que l'UMP, n'avait pas « à se courber devant Nicolas Sarkozy ».
La primaire, beaucoup au sein de l'UMP en défendent l'idée d’autant qu'elle apparaît clairement dans les statuts du parti. Hors de question donc pour les partisans d’Alain Juppé, de François Fillon, de Bruno Le Maire ou de Xavier Bertrand de la remettre en cause au risque, estime ce député de la petite couronne parisienne, de faire imploser l’UMP.
Plus sévères, d’autres députés sous couvert d'anonymat murmurent que vouloir prendre la présidence du parti, c’est avoir peur que quelqu’un d’autre s’impose. C’est donc un aveu de faiblesse. Loin de faire taire les divisions du parti et de convaincre, le potentiel retour de Nicolas Sarkozy aiguise les couteaux.