France: Manuel Valls tente de rassurer

Manuel Valls prononce mardi 8 avril son discours de politique générale. Premier grand oral pour le nouveau chef du gouvernement qui n'a pas le droit à l'erreur et doit convaincre une majorité plutôt méfiante.

Depuis qu'il a été nommé à Matignon, Manuel Valls est sous pression. Les écologistes ont décidé de quitter le gouvernement et de passer à une ligne de soutien sans participation. Au sein même du Parti socialiste, le nouveau Premier ministre ne fait pas, non plus, l'unanimité. La preuve, une centaine de parlementaires ont signé une pétition pour réclamer un « contrat de majorité ». Autrement dit une nouvelle méthode de travail et une réorientation de la politique économique et budgétaire mais aussi européenne. Après des municipales catastrophiques, beaucoup de députés socialistes sont sous le choc et ne veulent pas que la fin du quinquennat ressemble aux deux premières années. Ils ont décidé de créer un rapport de force dès le départ avec Manuel Valls.

Des attentes concernant le pacte de responsabilité

L'une de leurs principales exigences concerne le pacte de responsabilité dont le Premier ministre doit exposer les grandes mesures lors de son discours de politique générale. Du coup, il ne devrait donc pas y avoir de vote séparé comme cela était prévu au départ. Les parlementaires souhaitent eux que le texte soit soumis à la délibération et aux amendements. Ils ne veulent en fait pas signer un chèque en blanc à Manuel Valls concernant un pacte dont l'objectif est de baisser les charges des entreprises. Ils veulent s'assurer que les contreparties en matière de création d'emplois sont suffisantes. Ils réclament aussi des mesures en faveur des bas salaires.

Face à cette fronde, Manuel Valls est à l'écoute. Dimanche, le Premier ministre a reçu les principaux signataires de la pétition, notamment Jean-Marc Germain et Christian Paul, des amis de Martine Aubry, Pouria Amirshahi et Jérôme Guedj, des représentants de l'aile gauche du PS, ou encore Laurent Baumel, un ancien proche de Dominique Strauss-Kahn. On le voit, les protestataires viennent de différentes chapelles du PS. L'enjeu pour le Premier ministre est de déminer avant son discours de politique générale et le vote de confiance en rassurant et peut-être aussi en utilisant les nominations des secrétaires d'Etat, qui doivent intervenir mercredi, pour calmer certains esprits échauffés. Manuel Valls doit montrer qu'il est capable de gérer sa majorité et d'éviter les conflits.

Convaincre

Le Premier ministre discute aussi beaucoup avec les écologistes, même s'il a échoué à les convaincre de rester au gouvernement. Il doit d'ailleurs les recevoir à nouveau lundi après-midi. Manuel Valls espère qu'une partie des députés écologistes qui n'étaient pas d'accord avec le choix de Cécile Duflot de quitter le gouvernement seront plus réceptifs. Il a assuré que s'ils votent la confiance, ils seront associés à la politique du gouvernement. Manuel Valls va même rencontrer les communistes qui ont déjà dit qu'ils ne voteront pas la confiance et les radicaux, qui eux la voteront. Le Premier ministre essaie de dialoguer avec tout le monde.

Peut-on en conclure qu’il y a un réel risque pour Manuel Valls de se voir refuser la confiance ? Non, car ce n'est l'intérêt de personne au PS. Ne pas voter la confiance reviendrait à obliger François Hollande à dissoudre l'Assemblée. Un risque que les députés socialistes ne peuvent pas prendre.

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