Ceux qui l'ont connu se souviennent de ses sempiternelles bretelles et de son verbe haut. Sous sa houlette, Force ouvrière a pris un ton très en pointe des luttes revendicatives. D'autant plus que la période pendant laquelle il a dirigé FO, de 1989 à 2004, a coïncidé avec deux grandes batailles syndicales : la lutte contre le plan Juppé de réforme de la Sécurité sociale en 1995, et celle contre la loi Fillon de réforme des retraites en 2003. Des thèmes brûlants, notamment dans la fonction publique, où Force ouvrière est la première organisation représentative. Il avait succédé à André Bergeron, figure historique de l'organisation pendant vingt-six ans, selon lequel il y avait toujours « du grain à moudre », c'est-à-dire quelque chose à négocier. Mais il n'était pas le dauphin désigné, puisqu'il avait été élu en 1989 en battant Claude Pitous à l'issue d'un congrès houleux.
Un forcené de l'indépendance syndicale
L'actuel secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a souligné que Marc Blondel était un tribun hors pair, très attaché à l'indépendance syndicale, une attitude qui l'a souvent opposé à la CGT lorsque ce syndicat était encore très proche du Parti communiste. Mais Marc Blondel savait aussi passer des compromis comme l'a illustré cette poignée de main symbolique avec Louis Viannet, le patron de la CGT, en 1995, au plus fort des manifestations contre le plan Juppé. Marc Blondel n'était pas issu du milieu ouvrier. Fils de militaire et petit-fils de mineur du nord de la France, il avait entrepris des études de droit mais il était passé assez rapidement au militantisme étudiant, avant d'exercer des petits boulots, tout en militant pour l'indépendance de l'Algérie. Il adhère à Force ouvrière en 1958, prend des responsabilités syndicales dès 1960, avant de devenir rapidement permanent de l'Union syndicale des employés de la région parisienne. Il grimpe dans la hiérarchie, il devient en 1974 secrétaire général de la Fédération des employés et cadres et, en 1980, entre au bureau confédéral de Force ouvrière. Neuf ans plus tard, il prend la tête de l'organisation.
Des engagements toujours militants
Mais Marc Blondel n'avait pas des opinions affirmées qu'en matière syndicale. Effectivement, il était franc-maçon depuis 1960 et ne s'en cachait pas. Son engagement laïc intransigeant l'avait mené depuis 2007 à la présidence de la Fédération nationale de la libre-pensée où il s'était opposé au financement public de l'école privée. Mais il était aussi fumeur de havane - militant, pourrait-on dire - et aficionado de corridas, habitué de la Feria de Nîmes. En 2011, il avait été rattrapé par la justice pour avoir, dans les années 1990, bénéficié d'un garde du corps considéré comme un emploi fictif de la Ville de Paris, mais il avait été dispensé de peine.