Corbeil-Essonnes: un nouveau document charge Serge Dassault

« Dassault, la preuve ». C'est le titre qui barre la Une du quotidien Libération ce mercredi 26 février. Le journal, qui revient sur l'affaire Serge Dassault, affirme avoir eu accès à un document accablant pour le sénateur UMP. Il s'agit de l’enquête portant sur des soupçons d'achats de voix à Corbeil-Essonnes pour différentes élections municipales en faveur de Serge Dassault ou de son clan. Libération publie ce mercredi un listing révélateur. Serge Dassault, de son côté, va déposer plainte pour « atteinte à la présomption d'innocence » contre le journal, a annoncé son avocat Me Pierre Haïk dans un communiqué.

Il s'agit d'un tableau, saisi en juin 2013 par les enquêteurs lors d'une perquisition au domicile de Serge Dassault. Dessus figurent 4 colonnes : « noms », « payé », « non payé » et « commentaires ». Il a été édité et actualisé à plusieurs reprises entre décembre 2009 et janvier 2010. Ce qui pourrait le mettre en rapport avec l'élection municipale de Corbeil-Essonnes en septembre 2009. Cette année-là, c'est Jean-Pierre Bechter, le bras droit de Serge Dassault, qui est élu. L'industriel ne pouvait pas se présenter, il avait été condamné à une peine d'inéligibilité.

En dehors de sa date de création qui le relie à cette élection, le listing vient illustrer deux témoignages donnés aux enquêteurs par des protagonistes de l'affaire, Rachid Toumi et Mamadou Kébé qui y décrivent un système pyramidal. Ils se présentent comme des « agents électoraux » dont le rôle est de parcourir les rues des cités de Corbeil-Essonnes, et de demander aux gens ce qu'ils désirent en échange de leur vote. Cela peut être de l'argent, ou alors un financement pour monter une entreprise ou pour passer son permis de conduire. D'après Libération, cette hypothèse est confirmée par le listing. Soixante-dix noms sur les 130 inscrits dessus sont concernés par des dons d'argent. Pour des montants allant de quelques centaines à plusieurs milliers d'euros. A ce titre, la colonne « commentaire » est très instructive. Les initiales SD, pour Serge Dassault, y reviennent une cinquantaine de fois. Par exemple, sur une ligne, on trouve le nom d'une personne. La somme de 10 000 euros dans la colonne « payée », à côté, dans les commentaires  : « relance de sa société, SD OK ».

Des dons pour « aider »

Ce qui prouve que ces dont ont vraiment été faits en vue de la campagne municipale, c'est la ligne de défense de Serge Dassault. Il reconnaît avoir donné de l'argent à de nombreuses personnes, mais toujours pour « aider », en dehors de toute démarche électorale. Les témoignages à charge de Rachid Toumi et Mamadou Kébé, c'est pour profiter de cette générosité et tenter de lui arracher encore plus d'argent. Mais reste que ce listing a été régulièrement mis à jour dans les semaines qui ont suivi l'élection de 2009. De nombreuses sommes d'argent sont passées de la case « non payé » à la case « payé ». Il y a également les noms de plusieurs proches de Serge Dassault, comme son directeur de cabinet ou sa première adjointe, qu'on retrouve souvent dans ce document.

Quelle va être la suite de l'enquête ?

Serge Dassault a déjà été entendu dans le cadre de sa garde à vue la semaine dernière. Il en est ressorti libre, mais doit être convoqué par les deux juges en charge du dossier et sera très probablement mis en examen pour corruption et achat de voix. Plusieurs personnes ont par ailleurs déjà été mises en examen dans ce dossier. Des proches de Serge Dassault à la mairie de Corbeil-Essonnes. C'est également le cas de Jean-Pierre Bechter, son bras droit et actuel maire de la ville. Mais ça, ça ne l'a pas empêché de se déclarer candidat à sa réélection pour le scrutin de mars.

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