Les juges d’instruction en charge de l’enquête sur des achats de voix présumés à Corbeil-Essonnes ont dû s'y prendre à trois fois pour obtenir la levée de l’immunité parlementaire de Serge Dassault. Une insistance qui traduit le nombre de questions qu'ils avaient à poser à l’avionneur, maire de la ville pendant 14 ans.
Car le sénateur UMP est au cœur de l’affaire, en tant que premier bénéficiaire des ces achats de votes, tout d’abord. Lors de l’élection municipale douteuse – et annulée – de 2008, c'est d’ailleurs lui qui a été élu. Et lorsqu’il a ensuite été déclaré inéligible par le Conseil d'État, c'est son premier adjoint qui a repris le flambeau et qui a remporté les scrutins de 2009 et 2010. Des scrutins sur lesquels pèsent également de sérieux soupçons.
Serge Dassault figure donc dans la liste des éventuels bénéficiaires de ce système. Mais le richissime homme d'affaires en serait surtout le financeur. Les juges d'instruction veulent obtenir des précisions sur des mouvements de fonds entre la France et le Liban qui s’élèveraient à 7 millions d’euros. Une partie de cette somme est revenue en France et aurait pu servir à financer ces achats de vote.
Serge Dassault le nie. Mais les soupçons des juges sont suffisamment grands pour avoir déjà prononcé trois mises en examen. Trois personnes toutes liées à l'avionneur.