Le droit du sol est un acquis de la révolution française, auquel personne n'a jamais pu toucher depuis plus de 200 ans même s'il a subi quelques restrictions : toute personne née sur le sol français devient française. Alors, bien qu'il s'en défende, c'est bien une remise en cause du droit du sol que propose Jean-François Copé, puisque le patron de l'UMP veut introduire une exception pour les enfants de sans-papiers.
« Notre objectif est de réécrire la politique d'immigration dans notre pays, explique Jean-François Copé. Notre modèle d'immigration date du XXe siècle, c'est-à-dire un modèle d'immigration qui reposait sur l'économie, l'emploi. Aujourd'hui, c'est intenable : nous devons être intraitable sur l'immigration clandestine. Poser en particulier la question de ces parents venus en France illégalement qui ont des enfants. Ces enfants ne peuvent pas devenir automatiquement Français. Ce n'est pas responsable et ce n'est appliqué nulle part ailleurs ».
« Un appel lancé à l'extrême droite »
Un copier-coller du programme de Marine Le Pen, dénoncent certains. Même Nicolas Sarkozy, au terme d'une campagne pourtant très droitière, avait réaffirmé son attachement au droit du sol entre les deux tours de la présidentielle.
« Cette proposition ne vaut que par l'appel qui est lancé par Jean-François Copé à l'extrême droite (...), a répondu Bruno Leroux, le président du groupe PS à l'Assemblée nationale. Allumer des braises dans la période actuelle me paraît peu responsable ».
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La proposition de loi de Jean-François Copé n'a aucune chance d'aboutir, mais elle permet à l'UMP de surfer sur l'affaire Leonarda, alors que la gauche ne s'est toujours pas remise de l'intervention de François Hollande samedi. On est ici en pur affichage pré-électoral, à l'approche des municipales : la droite redoute plus que tout la concurrence du Front national. Autant reprendre ses idées, se dit donc Jean-François Copé, qui vient de gagner un nouveau surnom à gauche : « l'apprenti sorcier ».
■ QU'EST-CE QUE LE DROIT DU SOL ?
Devenir Français parce qu'on est né en France. C'est ce que permet le droit du sol aujourd'hui en vigueur. Il implique qu'à 18 ans, toute personne née en France de parents étrangers, devient automatiquement française si elle a vécu au moins cinq ans sur le territoire entre ses 5 et ses 18 ans.
Ce droit est en vigueur en France depuis 1889 et la Troisième République. A l'origine, le but était d'établir une certaine égalité entre Français et étrangers face à l'astreinte militaire.
En 1993, un peu plus de 100 ans après l'inscription du droit du sol dans le code civil, la loi Pasqua lui subsitue la nécessité pour un étranger devenu majeur de démontrer sa volonté de devenir Français. En clair, un étranger né en France devait alors faire une demande pour acquérir la nationalité française. Une réforme abolie en 1998 par le gouvernement Jospin.
S'il était aboli, le droit du sol serait remplacé par le droit du sang. La nationalité serait alors transmise, comme le nom de famille par exemple, par les parents.