Leonarda: François Hollande provoque l'indignation générale

Rejetée par la principale intéressée, la proposition du président à Leonarda de poursuivre ses études en France, seule, est aussi décriée par l'ensemble de la classe politique. La stratégie d'apaisement s'est donc transformée en quelques heures en un véritable piège politique pour François Hollande, qui ne recueille que 23% d'opinions favorables selon un sondage à lire dans le Journal du dimanche. Son plus bas niveau.

Il était censé mettre un point final à cette énième crise que traverse sa majorité depuis 18 mois. Un simple communiqué aurait peut-être suffi. Mais François Hollande, sommé de sortir de son silence depuis le début de l’affaire, a mis en scène son autorité, pour être aussitôt contesté par son propre camp, par l’opposition, bien sûr, et même par Leonarda.

Quand il a proposé à la jeune Kosovare de rentrer en France, mais sans ses parents, le président a provoqué stupeur et colère de l’extrême-gauche à l’extrême-droite. «Je ne comprends pas pourquoi il est intervenu en tant que président de la République sur cette affaire, alors que les Français ont d’autres préoccupations et qu’il ne s’y intéresse absolument pas », s’est ainsi insurgé le vice-président du Front national Florian Philippot, dénonçant «une hystérie de la classe politique sur ce sujet». «C’est grotesque et c’est navrant pour la France, et pour son image et pour le respect de la loi».

Ni ferme, ni humain

Dans un communiqué auquel la direction a refusé d'adhérer, certains écologistes ont de leur côté qualifié les propos de Fraçois Hollande et de Manuel Valls sur Leonarda d'« inhumains et incompréhensibles ». «Nous sommes extrêmement déçus, d’abord par ce choix insupportable», a réagi pour sa part Olivier Dartigolles, porte-parole du Parti communiste français. «Notre pays est de nouveau sous tension. Il y a de nouveau des stigmatisations, avec un climat que j’ai envie de qualifier de pourri. Et dans ces moments-là, on aurait aimé que le président s’élève au-dessus de la mêlée et appelle à un sursaut républicain.»

Sa politique migratoire se veut équilibrée entre humanité et fermeté, mais François Hollande a pris le risque de n’apparaître ni ferme, ni humain. La hantise de voir des jeunes descendre dans la rue, le souci de ne pas trop désavouer son très populaire ministre de l’Intérieur, tout en ménageant son électorat de gauche ou ce qu’il en reste, à cinq mois des municipales, sont autant d’éléments contradictoires passés dans le grand mixeur de la synthèse hollandaise.

Le président a réussi son coup : personne n’est content. Avec cette nouvelle polémique et ces nouveaux questionnements sur la ligne Hollande, tous les ingrédients sont désormais réunis pour renforcer chez les Français, selon l’expression d’un responsable socialiste, «le sentiment d’insécurité politique».


La communauté rom en France prête à aider Leonarda et sa famille à rentrer

Leonarda Dibrani refuse la main tendue de François Hollande. Au président qui lui offre, à elle seule, la possibilité de poursuivre sa scolarité, la jeune fille rétorque qu'elle n'est pas la seule à devoir aller à l'école, qu'il y a aussi ses cinq frères et sœurs.

La communauté rom installée en France assure déjà qu'elle déploiera tous les moyens pour les aider. «C’est une honte pour la République que le chef de l’État invite une jeune fille de 15 ans à quitter ses parents, à quitter son milieu familial pour pouvoir vivre en France», s’est révolté Saïmir Milé, président de la Voix des Roms, principale association de défense de la communauté rom. «Nous leur apporterons tout le soutien nécessaire et on cherche justement à entrer en contact avec la famille. La dignité humaine est au-dessus de la loi selon les standards internationaux. Je n’hésiterai donc pas à aider cette famille à avoir une vie normale et digne, en France», a-t-il ajouté.

La famille Dibrani dit ne pas baisser les bras. Le père, Resat, affirme qu'il se rendra en France avec les siens par tous les moyens, même de force.

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