France: la sécurité au centre du déplacement de Manuel Valls dans les Antilles

La Martinique, la Guadeloupe et Saint-Martin, Manuel Valls est dans les Antilles. Une tournée de trois jours pour le ministre français de l’Intérieur dans ces territoires qui connaissent une vague de criminalité inédite. Un voyage qui va aussi lui permettre de prendre de la distance avec la polémique du moment : l'affaire Léonarda, la collégienne expulsée vers le Kosovo.

Une jeune Rom de 15 ans qui vivait dans l’est de la France et qui a été expulsée la semaine dernière, interpellée lors d’une sortie scolaire :  les critiques vont bon train à gauche et l’affaire est telle que le ministre de l’Intérieur a fait un geste auquel il est peu habitué, lui qui est fort des sondages le classant personnalité politique des Français : une concession. Il a ordonné l’ouverture d’une enquête administrative sur cette interpellation.

Alors avec cette visite aux Antilles, le ministre espère certainement s’éloigner un peu de cette polémique et surtout reprendre la main sur un sujet qui lui est cher et qui lui réussit : la lutte contre l’insécurité. Car les Antilles sont touchées de plein fouet par la violence, les vols mais aussi les crimes.

Un taux record d'homicides...

La Guadeloupe est même championne toute catégorie en termes d’homicides. Trente-six l’an dernier, trente-neuf déjà depuis le 1er janvier 2013. Avec cette statistique, la Guadeloupe obtient en effet le titre peu enviable de département le plus criminogène de France loin devant Marseille et la Corse. C’est pratiquement un homicide par semaine en moyenne, presque autant que le nombre de morts sur les routes. Un constat révoltant pour le procureur de Pointe-à-Pitre qui l’a poussé à une intervention remarquée. C’était début septembre, alors que le nombre d’homicides en 2013 venait d’égaler celui de l’année 2012 dans son ensemble. Guy Etienne a alors déclaré à la presse locale qu’il avait honte de représenter la société guadeloupéenne. Quant à la Martinique, elle compte un peu moins d’homicides mais ils y sont fréquents aussi. Et les violences crapuleuses pour vol ont explosé cette année. +60% par rapport à 2012.

... et de chômage

C'est principalement le contexte social qui explique ce phénomène. Aux Antilles, le taux de chômage est nettement plus élevé qu’en métropole. Aux alentours de 20% en Guadeloupe, de 50% même chez les moins de 25 ans. Et ce sont les quartiers défavorisés qui sont le plus touchés. A Grand Camp, dans l’agglomération de Pointe-à-Pitre, ce sont près de 8 jeunes sur 10 qui sont à la recherche d’un emploi. Dans ces conditions, difficile d’imaginer avoir un avenir. Et il y a là un terreau pour les trafics en tout genres. La drogue, en l’occurrence. De la drogue en provenance d’autres îles des Caraïbes et qui trouve dans ces territoires français une porte d’entrée en Europe.

Ces dernières années, la Guadeloupe et la Martinique ont ainsi vu naître des bandes organisées. Mais le trafic de stupéfiants n’est pas la seule explication à cette vague de violence. Il y a beaucoup de meurtres pour des motifs futiles : un mauvais regard, un compliment fait à une jeune femme et qui n’est pas du goût de son compagnon… « Ici, on tue pour n’importe quoi », a confié à RFI le procureur de Pointe-à-Pitre.

Des mesures insuffisantes

Depuis un an, deux ZSP, des zones de sécurité prioritaires, ont été définies. L’une en Guadeloupe, l’autre en Martinique. Les ZSP, c’est un dispositif lancé par Manuel Valls qui consiste à renforcer la présence policière dans des quartiers particulièrement sensibles. En Guadeloupe, cette création de ZSP s’est accompagnée de l’envoi de renforts de police et de gendarmerie. Une centaine de fonctionnaires en plus.

Et puis la préfecture a lancé une opération intitulée « Déposez les armes ». Les Guadeloupéens étaient incités à rapporter leurs armes aux forces de l’ordre – même celles détenues illégalement, et ce sans risque de poursuite. Cette opération a été menée à deux reprises. Mais à chaque fois, ce sont quelques dizaines d’armes qui ont été récupérées. Bien peu probablement par rapport à leur nombre réel dans cet archipel de 400 000 habitants.

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