Mobilisation générale à Marseille après le meurtre d'Adrien Anigo

Marseille et sa région endeuillées par deux assassinats jeudi 5 septembre. A l'aube, un homme de 24 ans a été fusillé à La Ciotat, alors qu’il s’apprêtait à gagner son travail dans une déchetterie. Puis dans l'après-midi, le fils du directeur sportif et ancien joueur de l’OM José Anigo est abattu au volant d’une Renault Twingo noire. Il circulait dans les quartiers nord de la ville quand deux hommes en moto ont ouvert le feu sur lui, à une heure et sur un axe où le trafic est important. Adrien Anigo était bien connu de la police et de la justice pour des affaires de braquage.

Avec notre envoyé spécial, Simon Rozé

Jeudi 5 septembre, les Marseillais ont connu une journée au rythme des sirènes de police. Tout a commencé à 5h30, à la Ciotat dans la banlieue de la cité phocéenne. Kevin al-Malicki, un jeune homme de 24 ans est exécuté. Il venait de commencer sa journée de travail quand un commando de 4 hommes, très lourdement armés, lui a tiré dans le dos.

Quelques heures plus tard, en début d’après-midi, les forces de l’ordre se rendent dans la cité de la Cayolle, dans le sud de la ville, pour une opération coup de poing prévue depuis plusieurs jours. Ces opérations « de reconquête » se succèdent dans les quartiers placés dans les fameuses zones de sécurité prioritaires. Celle-ci était la 19e du genre. Cent cinquante hommes étaient mobilisés et elle a permis de démanteler un réseau de revente de drogue avec l’interpellation de trois hommes et la saisie d’une petite quantité de cocaïne et de cannabis. 

A peine une heure plus tard, une nouvelle exécution, dans les quartiers Nord cette fois. La victime est Adrien Anigo, le fils du directeur sportif de l’Olympique de Marseille. C’est le 15ème meurtre depuis le début de l’année, mais peut-être à la différence des autres, il semble plus lié au grand banditisme qu’au trafic de drogue. La victime est le fils d’une personnalité de la ville, et qui plus est liée à l'OM, ce qui explique sans doute l’émotion qu’a provoqué ce meurtre à Marseille.

Les terrasses des cafés à Marseille restent cependant  pleines et il y a beaucoup de monde dans les rues du centre-ville. La vie continue en somme. Le discours qui prédomine est : « Du moment que ce sont des caïds qui s’entretuent, du moment qu’ils ne le font pas en ville et qu’il n’y a pas de risque de se prendre une balle perdue, et bien, on n’arrête pas de vivre ! » Par contre, il y a beaucoup de lassitude. Les habitants en ont «ras le bol» que l’on parle toujours de leur ville pour ses faits divers et pas pour le reste. Ils tiennent à rappeler que Marseille est la Capitale européenne 2013 de la Culture, et que le quartier du Vieux port a été entièrement rénové à cette occasion.

Les municipales 2014 en ligne de mire

Jusqu’à jeudi, la tension était très vive entre Jean-Claude Gaudin, le maire de la ville, et le gouvernement, notamment avec Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur. Le dernier épisode en date, c’était l’envoi de renforts policiers, il y a deux jours, … à Lille, ce qui avait fait hurler Jean-Claude Gaudin qui réclame lui aussi plus d’effectifs. Avec le meurtre d’Adrien Anigo, Manuel Valls évoque désormais un «pacte national» pour sortir du trafic de drogue ; il a appelé le maire de Marseille et tout le monde parle de mettre entre parenthèses la campagne municipale.

Le Parti socialiste espère bien reconquérir Marseille, dirigée par l’UMP Jean-Claude Gaudin depuis 1995, et qui compte bien obtenir son quatrième mandat. Il y aura d’ailleurs une primaire socialiste le mois prochain. Six candidats se sont fait connaître, dont une ministre, Marie-Arlette Carlotti, en charge de la lutte contre l’exclusion. A l’extrême droite, le Front national fourbit également ses armes. Le parti frontiste tient son université d’été les 14 et 15 septembre. Et le FN n’a pas hésité à rappeller hier qu’il avait de « sérieuses chances » de remporter la ville au printemps prochain.

Une table ronde sur la sécurité réunissant l'ensemble des élus de la ville se tiendra samedi à Marseille.

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