Avec notre envoyée spéciale à Marseille,
« Il y a l’urgence et il y a le projet ». Ce sont les mots de Jean-Marc Ayrault ce mardi soir, le Premier ministre qui estime avoir répondu à l’urgence depuis un an. C’est une nouvelle mesure d’urgence, donc, qu’il annonce, un message de mobilisation, comme le dit Jean-Marc Ayrault. Vingt-quatre policiers enquêteurs et une compagnie de CRS supplémentaires devraient s’ajouter aux 230 nouvelles affectations, à Marseille, depuis l’ouverture des zones de sécurité prioritaires.
Le Premier ministre est revenu sur le bilan de l’action du gouvernement depuis le Conseil interministériel du 6 septembre dernier. Un bilan qu’il estime positif. « Les règlements de compte, c’est parce que nous secouons le cocotier », a dit Jean-Marc Ayrault qui affirme que le gouvernement vise aussi l’action sur le long terme, celle qui mobilise les enquêtes financières, les services des douanes.
Bref, pour le Premier ministre cette action du gouvernement a permis de réduire le nombre de morts dans des règlements de compte, mais aussi les vols à la tire et le petit banditisme. « Si Marseille a besoin de la France, la France a besoin de Marseille », a conclu Jean-Marc Ayrault. « Un message d’espoir », a-t-il dit.
Jean-Marc Ayrault s'est également rendu ce mardi à l'hôpital de la Conception, où il est revenu sur le fait divers au cours duquel un infirmier a été poignardé par un homme, interpelé depuis. L'occasion pour lui de prendre des mesures concernant cet hôpital situé en plein cœur de Marseille.
« Aujourd’hui, je suis venu voir le service des urgences, son personnel, parce que là aussi il y a des problèmes de sécurité mais à l’image de ce qu’est la société à l’extérieur », a déclaré le Premier ministre. « Il y a de la violence et il y en a plus dans ce service d’urgence qu’il n’y en a dans d’autres services d’urgence. Donc d’ores et déjà, j’ai donné instruction au directeur de l’Agence régionale de santé, avec le soutien des membres du gouvernement et en particulier la ministre des Affaires sociales et de la santé, Mme Touraine, pour que demain (mercredi 21 août, ndlr) se tienne une réunion avec l’hôpital, avec le service des urgences, avec la police, avec la mairie de Marseille, pour qu’une solution durable soit trouvée pour assurer la prévention, la sécurité de tous ceux qui travaillent ici, dans cet établissement, de tous les patients. »
Pas suffisant pour les syndicats de policiers
Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée à l'Exclusion, affichait sa satisfaction à la sortie de la conférence de presse du Premier ministre. « Bien sûr que ça ne sera pas suffisant, concède-t-elle. Mais c'est la volonté de montrer que l'Etat ne lève pas le pied sur cette ville. D'ailleurs on a pris du patrimoine sur ces gens qui l'avaient gagné de façon malhonnête. Il y a tout un travail à faire. Je veux qu'on remonte les filières et qu'on aille jusqu'au bout : les délinquants, ceux qui placent à l'étranger. »
Le renfort de 24 policiers de police judiciaire et d'une compagnie de CRS à Marseille est une annonce très attendue par les syndicats de police. Mais pour Nicolas Comte du syndicat Unité police SCG-FO, ces renforts ne suffiront pas à la longue, ce qu’il faut, c’est réinvestir les quartiers, comme celui de l'Estaque, où un jeune homme a été criblé de balles lundi soir.
Du côté des associations de lutte contre la violence, l'annonce fait hausser les épaules. Le sentiment, dans les quartiers nord, est qu'on n'emploie pas les bons moyens. « C'est un peu une réponse classique, se désolé Pierre Godard, qui habite depuis toujours le quartier de Saint-Joseph, au nord de Marseille. Et surtout il y avait autre chose à travailler, à développer, qui était une police de proximité. On a besoin de ce type de solutions. »
Yamina Benchenni, l'une des porte-paroles du collectif du 1er-juin contre la violence, est tout aussi sceptique : « la réponse uniquement sécuritaire ne suffit pas. On attendait par exemple de vraies réponses par rapport aux jeunes en décrochage scolaire. Pour lutter contre cette arme redoutable qu'est l'argent facile, il faut mettre les moyens à côté. » L'association prône l'essor des services sociaux de proximité mais aussi des équipes de policiers en lien avec les jeunes dans les quartiers difficiles.