Ziad Takieddine, homme clé du présumé financement occulte de la campagne d'Edouard Balladur, va pouvoir sortir de prison, libre contre une caution de plus de 4 millions d'euros. Au printemps dernier, il avait été écroué alors qu'il essayait de fuir le territoire français avec un faux passeport diplomatique. Son maintien en détention ne s'imposait plus, car le 20 juin dernier, le sulfureux homme d'affaires franco-libanais est passé aux aveux.
Devant les magistrats instructeurs, il a reconnu sa participation à un financement occulte de la campagne présidentielle. Il a raconté dans le détail comment il récupérait, en Suisse, une partie des commissions perçues dans les contrats d'armement conclus en 1994 par la France avec le Pakistan et l'Arabie saoudite. Grâce, aux aveux, aux témoignages, les juges savent que cette campagne a donc été financée illégalement via deux sources : les commissions occultes d'un côté, les fonds secrets de l'autre.
L'ex-trésorier d'Edouard Balladur, René Gally-Dejean, a d'ailleurs affirmé que l'argent liquide versé sur les comptes de campagne ne provenait pas de la vente de t-shirts et de briquets comme le soutient Edouard Balladur, mais bien des fonds secrets de Matignon. Reste désormais aux juges Van Ruymbeke et Le Loire à déterminer dans quelles proportions ces deux sources ont permis de financer l'aventure présidentielle du rival de Jacques Chirac.