France: reprise ou pas reprise?

Lors de son interview du 14-Juillet, le président de la République a affirmé que la reprise était là. Pour les responsables politiques de l'opposition, et même pour certains des membres de la majorité, François Hollande prend, à l'évidence, ses désirs pour des réalités. Alors, méthode Coué ou sortie du tunnel, que penser de ce bel optimisme présidentiel ?

La reprise est là et le deuxième semestre sera meilleur que le premier : le président de la République s'est résolument inscrit dans le camp de ceux qui voient l'horizon se dégager. Mais on peut aussi dire qu'il voit le verre à moitié et même plus qu'à moitié plein. En effet, les indicateurs de l'économie française sont en demi-teinte et surtout très fluctuants de mois en mois, un mois c'est bon et le suivant on rechute. Bien sûr, il y a eu les excellents résultats du constructeur aéronautique européen Airbus au salon du Bourget fin juin. Mais en revanche, le groupe automobile Renault vient d'annoncer un recul de près de 2% de ses ventes dans le monde au premier semestre 2013.

D'où les déclarations selon lesquelles François Hollande prend ses désirs pour des réalités. Et pas seulement dans l'opposition qui l'accuse d'avoir recours à la méthode Coué, à l'autosuggestion. Pour Jean-Vincent Placé d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), le président de la République a fait preuve d’un bien grand optimisme, car l'argument d'une reprise en se basant uniquement sur un bon indice de la production industrielle, c'est, dit-il, un peu faible. En avril la production industrielle a progressé effectivement, mais c'était après deux mois de repli et elle a encore reculé en mai. Au total l'Insee prévoit une hausse de moins de 1% au deuxième trimestre. C'est mieux que rien, mais c'est trop peu pour les économistes qui commencent à parler de reprise quand la croissance atteint 2%.

Sortie de récession

Il semble bien que la France soit maintenant sortie de la récession. Après deux trimestres consécutifs de recul du PIB, la croissance devrait être positive, en avril, mai et juin. Mais si le deuxième semestre est meilleur que le premier ainsi que le prévoit François Hollande, ce ne sera pas de beaucoup. D'ailleurs, l'agence de notation Fitch qui, à la fin de la semaine dernière, a retiré à la France son triple A, justifie cette dégradation par une prévision de recul du PIB de 0,3% en 2013, avant une reprise de la croissance en 2014 seulement.

En annonçant la sortie du tunnel, François Hollande veut, avant tout, mobiliser les énergies et lutter contre le pessimisme ambiant. En se basant sur quelques signes positifs, le président de la République tente effectivement de lutter contre la sinistrose qui, en pesant sur la consommation des ménages, contribue aussi à entretenir la crise. Le moral des chefs d'entreprise amorce une timide remontée et si ces bonnes dispositions vont jusqu'à les amener à créer à nouveau des emplois dans les prochains mois, François Hollande commencera peut-être à gagner son pari. 

Partager :