Saisie des biens de Bernard Tapie: l’homme d’affaires crie au complot

La justice française a ordonné la saisie d'une partie des biens de l'homme d'affaires Bernard Tapie. Une procédure réclamée par les parties civiles, notamment l'Etat qui s'estime lésé par l'arbitrage et qui est intervenu le 28 juin dernier, le jour même où l'homme d'affaires a été mis en examen sous le chef d'inculpation d'escroquerie en bande organisée, au terme d'une garde à vue de 96 heures.

Bernard Tapie ne passera pas ses vacances d’été dans sa splendide villa qui domine le golfe de Saint-Tropez. La Mandala achetée 48 millions d’euros a été saisie, tout comme deux assurances vies souscrites par le couple Tapie. Les parts sociales détenues par Bernard Tapie dans son hôtel particulier de la rue des Saints-Pères, d'une valeur de 69 millions d'euros ont également été gelées.

Les juges ont aussi demandé l'avis du parquet de Paris pour saisir les parts de Tapie dans le groupe de presse Hersant, composé des journaux La Provence et Nice Matin. Concrètement, c'est l'agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués qui est chargée de procéder à ces actes. Des biens qui lui seront remis si au terme d'un long parcours judiciaire Bernard Tapie est innocenté.

Tapie crie au Complot

Bernard Tapie est mis en cause dans l'enquête sur l'arbitrage controversé de son litige avec le Crédit lyonnais dans la vente d'Adidas. Les juges soupçonnent l'arbitrage d'avoir été truqué au profit de l’homme d’affaires. Les juges d'instruction du pôle financier, Serge Tournaire et Guillaume Daïeff, considèrent que Bernard Tapie a été le principal bénéficiaire des sommes versées par le CDR, le consortium de réalisation, au terme d'une escroquerie dont il apparait comme l'un des organisateurs.

Bernard Tapie crie au complot, se dit victime « d’un acharnement médiatique », assure que le dossier est vide. Mais il reconnait cependant à mi-mot avoir participé à une importante réunion fin juillet 2007 à l’Elysée concernant l’arbitrage, en présence notamment de Claude Guéant, alors secrétaire général de la présidence. Y aurait-il eu un conflit d’intérêts ? Certains soupçonnent l’ancien président Nicolas Sarkozy d’avoir favorisé Tapie pour le remercier de son soutien lors de la campagne de 2007.

Dans ce dossier, quatre autres personnes sont également mises en examen pour escroquerie en bande organisée : l'ex-juge-arbitre Pierre Estoup, de Stéphane Richard ex-bras droit de Christine Lagarde à Bercy, de Jean François Rocchi, ancien président du consortium de réalisation, l'organisme sous tutelle de l'Etat chargé du passif du Crédit lyonnais. Des 403 millions d'euros versés, après impôt et paiement de ses dettes, il n'est resté dans les poches de Bernard Tapie que 278 millions d'euros, et pas 70 millions d'euros seulement, comme il le martèle depuis des semaines.

Des avoirs bien à l’abri

Prévoyant, Bernard Tapie s'est organisé pour éviter un revers de fortune. Exemple, dans le Monopoly Tapie, l'on trouve un jet privé immatriculé à Malte d’une valeur estimée entre 17 et 23 millions d'euros, un yacht de 76 mètres, le Reborn, enregistré sur l'ile de Man, acheté en 2010 40 millions d'euros. Surtout, le groupe Bernard Tapie Holding domicilié à Bruxelles affiche une valorisation de 215 millions d'euros. En logeant l'essentiel de ses actifs dans des paradis fiscaux, le sulfureux Tycoon s'est mis à l'abri de la justice française.

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