France: Hollande dans la tourmente

Depuis le déclenchement de l'affaire Cahuzac, tous les efforts de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault pour rectifier le tir n'y changent rien : même à gauche, ils doivent faire face à des critiques.

Comment sortir de la spirale infernale de l'affaire Cahuzac ? C’est la question à laquelle François Hollande et Jean-Marc Ayrault n’ont pas encore trouvé de réponse car depuis les aveux de l'ancien ministre du Budget, la situation va de mal en pis pour l'exécutif dont les initiatives tombent toutes à plat. L'opération transparence en est un exemple criant.

En demandant aux ministres de déclarer publiquement leur patrimoine et en faisant de cette mesure, étendue aux parlementaires, l'un des éléments-clefs de la future loi sur la moralisation de la vie publique, le chef de l'Etat n'a pas trouvé un écho si favorable que cela. A l'intérieur même de son camp, des voix se sont élevées, à commencer par celle du président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, pour critiquer un risque de grand déballage, rejoignant ainsi les arguments de l'opposition.

Au lieu de couper court aux insinuations et de permettre de redonner confiance aux Français dans leurs représentants - un sondage indique, en effet, qu’ils sont 77% à penser que les élus sont plutôt corrompus -, l’exécutif a provoqué un débat qui a dépassé les clivages partisans. François Hollande se heurte à une problématique complexe, qu’une sénatrice socialiste résume par ces mots : « L’opacité engendre la suspicion, mais la transparence les commentaires », sous entendu sur le patrimoine des uns et des autres. Du coup, chaque solution provoque des mécontentements.

Offensive contre l’austérité

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà qu'une trentaine de députés socialistes de la gauche populaire ont profité de l'occasion pour lancer, à la suite des ministres Arnaud Montebourg, Cécile Duflot, Benoît Hamon, un appel contre l'austérité et réclamer un changement de ligne économique. Depuis longtemps déjà, les efforts de gestion rigoureuse des finances publiques engagées par le gouvernement pour redresser les comptes et respecter les engagements européens de la France sont dénoncés par la gauche de la gauche, Parti de gauche et Parti communiste, et même l’aile gauche du Parti socialiste. Les soubresauts de l’affaire Cahuzac ont engendré un climat propice à une nouvelle offensive des détracteurs de la rigueur qui espèrent pousser François Hollande à inverser le rapport de forces en Europe pour pouvoir engager une politique en faveur de la croissance.

Dans un climat déjà particulièrement dégradé, ces mises en cause au sein de la majorité tombent vraiment mal pour le président de la République qui aurait besoin de troupes soudées et mobilisées autour de lui. Les sondages se succèdent et se ressemblent. Tous indiquent que la cote de popularité de François Hollande ne cesse de s'effondrer, jusqu'au coeur de son électorat traditionnel.

Un sondage de l’institut BVA pour Le Parisien Magazine vient d’ailleurs de montrer que les Français jugent sévèrement son action depuis son élection et lui attribuent en moyenne une note de 7 sur 20. Même chez les sympathisants de gauche, François Hollande n’obtient que 11 sur 20. Le chef de l’Etat ne peut laisser la situation continuer ainsi à se détériorer. Lors du dernier Conseil des ministres et de l’intervention télévisée qui a suivi, il a donc non seulement essayer d’afficher sa détermination à aller au bout de la transparence pour rassurer les Français mais il a aussi recadré le débat sur sa politique économique, en déclarant : « Cette politique a été fixée, je n’en changerai pas ».

Rassembler

Est-ce une fin de non recevoir ? C’est en tout cas une mise au point publique. Mais il n’empêche que l’entourage du chef de l’Etat le presse de rencontrer lui-même les parlementaires socialistes pour, dit-on, « mettre du liant ». En attendant, Jean-Marc Ayrault se donne du mal pour essayer de reconstituer un semblant d’unité. Le Premier ministre a réuni, vendredi 12 avril à Matignon, les principaux poids lourds socialistes. Ceux du gouvernement : Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon, François Lamy. Et ceux du parti : Harlem Désir, Bruno Le Roux, Guillaume Bachelay, Jean-Christophe Cambadélis. Objectif : préparer le Conseil national du PS, prévu le 13 avril, dans l’espoir de réussir à afficher une image de rassemblement autour du président de la République.

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