La mise au point est venue ce mardi matin de Matignon, des services du Premier ministre, en réponse à des déclarations du président de la Fédération française de football (FFF). « Toutes les entreprises qui versent des salaires supérieurs à un million d'euros » sont concernées par la taxe sur les hauts revenus à 75%. Les clubs de foot devront donc payer aussi, et ils sont quelques-uns à pratiquer ce genre de salaires.
Promesse de campagne
C'est avant tout une promesse de campagne de François Hollande. L'idée phare est de demander un effort exceptionnel aux Français les plus riches pour alléger le poids des finances publiques.
Cette taxe devait initialement être versée directement par les salariés payés plus d'un million d'euros net par an. Mais grain de sable dans la machine : cette première mouture du texte a été censurée par le Conseil d'Etat. L'exécutif revient donc à la charge en proposant cette fois que les entreprises s'acquittent de la taxe.
Cette mesure devrait s'appliquer pendant deux ans. Elle a également pour objectif de responsabiliser les compagnies pour qu'elles ne versent plus de rémunérations astronomiques.
Sale coup pour l'élite
En tout, la Ligue de football professionnel (LFP) estime que cette mesure pourrait coûter à l'ensemble des clubs de Ligue 1, environ 82 millions d'euros. Mais en réalité ce sont les clubs du haut du panier du championnat qui sont concernés.
Ce mardi matin, Jean-Michel Aulas, président de l'Olympique lyonnais (OL), a annoncé sur RMC que son club devrait payer environ 15 millions d'euros par an. L'addition sera salée également pour le Paris Saint-Germain (PSG), actuellement en tête du championnat. Le club dispose d'une dizaine de joueurs payés plus de 2 millions d'euros nets par an. Sachant que Zlatan Ibrahimovic, seul, touche déjà 15 millions d'euros par an.
Les joueurs apparaissent en tout cas comme les grands gagnants de la nouvelle taxe puisque leurs revenus extra-salariaux, comme les contrats publicitaires, ne seront pas pris en compte.
Cette mesure tombe assez mal car le football français n'est pas fleurissant. Selon le rapport d'activité de la Ligue de football professionnel 2011-2012, le résultat net cumulé des formations de Ligue 1 et 2 accuse un déficit de 108 millions d'euros, contre 65 millions lors de l'exercice précédent.
En tête des mauvais élèves : l'Olympique lyonnais avec un déficit de 28 millions d'euros. Le Paris Saint-Germain s'en sort mieux. Mais c'est essentiellement grâce au contrat de sponsoring mis en place avec la Banque nationale du Qatar qui a permis d'amortir l'achat de nombreux joueurs et la montée en flèche de la masse salariale.
Et le budget prévisionnel pour l'élite en 2012-2013 ne s'annonce pas mieux. La LFP table d'ores et déjà sur un déficit de 60,52 millions d'euros pour la Ligue 1.
La fuite des joueurs
Cette mesure porte un coût à la compétitivité du football français au sens où les clubs n'auront plus les moyens de proposer des salaires mirobolants. Aussi loyal soit un joueur à son club, il est assez naturel qu'il se tourne vers le plus offrant.
Samuel Eto'o, qui joue pour le club russe Anji Makhatchkala, gagne 20 millions d'euros par an. Il touche en prime 15 000 euros par but et 7 500 euros à chaque passe décisive... Le Real Madrid paie Cristiano Ronaldo 13 millions d'euros par an. Et l'Argentin Lionel Messi du FC Barcelone touche 12,5 millions.
Avec des chiffres aussi vertigineux, il est certain que les clubs français pourront de moins en moins s'aligner. D'où l'urgence d'instaurer le fair-play financier, mis en avant par l'UEFA. L'idée est d'assainir les dépenses du football européen. Il devrait interdire aux clubs de dépenser plus qu'ils ne gagnent.
En 2011, les clubs européens de l'élite ont cumulé 1,7 milliard d'euros de pertes. Elles n'atteignaient que 600 millions d'euros en 2007.