Nicolas Sarkozy a quitté le palais de justice de Bordeaux, où il a été entendu jeudi dans le cadre de l'affaire Bettencourt, à bord d'une Renault Espace sombre précédée par une voiture de police circulant à vive allure, après plusieurs heures d'audition par le juge Jean-Michel Gentil qui l'a confronté à plusieurs membres du personnel de Liliane Bettencourt, l'héritière de l'Oréal.
Le juge avait organisé cette confrontation afin d'établir précisément combien de fois Nicolas Sarkozy s'est rendu chez Liliane Bettencourt en 2006 et en 2007. L'ancien président a toujours affirmé ne s'être rendu qu'une seule fois au domicile des Bettencourt pendant sa campagne électorale, et il a surtout démenti avoir reçu de l'argent pour financer cette campagne.
Contradictions dans les déclarations
Des affirmations qui étaient contredites par les versions de ces employés de maison convoqués par le juge, dont l'ancien majordome Pascal Bonnefoy. Selon ces employés de maison, Nicolas Sarkozy s'est bien rendu à plusieurs reprises au domicile des Bettencourt.
Ce sont donc ces versions divergentes que le juge Gentil souhaitait confronter. Dans l'entourage de l'ancien président, on s'attendait à une ultime vérification de la part d'un juge dont tout le monde pensait qu'il souhaitait boucler son instruction.
Ce scénario favorable à Nicolas Sarkozy n'a pas eu lieu. L'ancien président est mis en examen et l'affaire Bettencourt est totalement relancée. Maître Herzog a d'ailleurs annoncé son intention de former immédiatement un recours et de saisir la chambre d'instruction de la cour d'appel de Bordeaux pour obtenir la nullité de cette mise en examen, qu'il a qualifié de décision « incohérente sur le plan juridique, et injuste ».
Un procès dans les prochains mois
Il faut savoir que le juge Gentil, qui a récemment demandé sa mutation, est sur le point de boucler son instruction, cette confrontation pourrait donc être le dernier acte important de son enquête. Un procès devant un tribunal correctionnel pourrait donc avoir lieu dans les tous prochains mois.
L'abus de faiblesse est passible d'une peine de trois ans d'emprisonnement, de 375 000 euros d'amende et d'une peine d'inéligibilité de cinq ans. Pour l'ancien Chef de l'Etat, c'est donc un coup de massue judiciaire, mais aussi un séisme politique.