Le chef de la majorité contre le chef de l'opposition, le face à face s'annonce tendu ce mercredi après-midi dans l'hémicycle de l'Assemblée. D'autant plus que chacun cherche avant tout à reconquérir ses propres troupes. Jean-François Copé, dont l'image a été si durement abimée dans la guerre des chefs de l’UMP l'hiver dernier, souhaite gagner ses galons de « premier opposant à François Hollande » afin d’asseoir enfin son autorité sur son propre parti.
De son côté, Jean Marc Ayrault cherche lui à remobiliser une majorité en plein désarroi et qui commence à douter de la capacité du gouvernement à sortir le pays de la crise.
Les deux hommes jouent gros et ils le savent. Ils ont d’ailleurs longuement préparé cette passe d'armes, avec, entre autres, les bons conseils de l'ancien ministre socialiste Jack Lang qui a estimé que le Premier ministre doit redonner « l'envie d'avoir envie ». Une rengaine de Johnny Hallyday qui vaut également sans aucun doute pour Jean-François Copé.
Une motion qui fait débat
Mais si dans les deux camps, tout le monde paraît rassemblé, les apparences sont parfois trompeuses. A l’UMP, tous les députés, qu’ils soient copéistes ou fillonistes, se félicitent de cette motion de censure. « Une bonne chose » répètent-ils tous en chœur. « Cette motion de censure est utile pour dénoncer les fautes et les erreurs du gouvernement. C’est son objectif, c’est son ambition, et nous nous retrouvons tous derrière ces objectifs », assure ainsi Eric Ciotti, élu des Alpes maritimes.
A gauche, officiellement, on fait mine de se réjouir de cette motion. « Ce sera l’occasion pour le chef du gouvernement de revêtir à nouveau un habit de combat et de montrer sa détermination, et de montrer qu’il peut être le chef naturel de la gauche », annonce Olivier Faure, député socialiste.
Sauf qu’à y regarder de plus près, cette unanimité n’est que de façade. Certains élus socialistes confient ainsi ne pas attendre grand-chose du discours de Jean-Marc Ayrault. « Que va-t-il dire de plus qu’on ne sait déjà ? », s’interroge, perplexe, un député socialiste.
A l’UMP aussi le consensus n’est qu’apparent. Fallait-il déposer cette motion de censure aujourd’hui, seulement neuf mois après l’arrivée de la gauche au pouvoir ? « Non », répond le député Dominique Dord, proche de François Fillon. « Si on en avait discuté, on aurait choisi un autre moment, un peu plus tard. On est mis devant le fait accompli. Ce n’est pas une mauvaise initiative, mais elle aurait sans doute pu être meilleure et mieux coordonnée », critique-t-il.
Les députés UMP et UDI devraient néanmoins voter en masse cette motion de censure. Une motion qui n’a cependant aucune chance d’aboutir, la gauche étant majoritaire à l’Assemblée nationale.