Ce sera finalement l’an prochain. La décision de la mairie de Lille quant à l’application de la réforme des rythmes scolaires était attendue ; son enjeu politique, important. Ce lundi 18 mars, Martine Aubry, ancienne première secrétaire du Parti socialiste et maire de la dixième ville de France, a donc annoncé qu’elle souhaitait « prendre le temps de la concertation ». A l’instar de ceux de Lyon, Strasbourg ou encore Montpellier, autres grandes villes dirigées par des élus socialistes, les 12 000 élèves des écoles primaires lilloises n’endosseront pas leurs cartables le mercredi matin à partir de la rentrée prochaine.
Les arguments avancés par la première édile de la métropole du Nord sont en substance les mêmes qu’exposent ses collègues d’autres villes : qui dit demi-journée supplémentaire dit journées moins longues le reste de la semaine, et donc besoin de structures et d’accompagnateurs pour occuper les enfants jusqu’à ce que leurs parents rentrent du travail. Bref, besoin de moyens. Malgré une dotation de l’Etat de 50 euros par enfant scolarisé, Martine Aubry a donc préféré attendre un an supplémentaire pour bien faire les choses, puisque « la date d’application n’est pas un enjeu, ce qui est important, c’est le contenu ».
Un nouveau revers pour Vincent Peillon
Reste que le camouflet est de taille pour le ministre de l’Education, Vincent Peillon. Il milite en effet depuis plusieurs mois pour une application de cette réforme dès la rentrée prochaine, et a reçu un timide soutien du chef de l’Etat lors de son déplacement à Dijon la semaine dernière.
Un investissement en énergie et en temps qui n’offre pour l’instant pas les résultats escomptés puisque seules quelques villes de province de gauche, à l’image de Nantes, Rennes ou encore Toulouse, suivront bien les directives du ministre. Du côté des villes de droite, c’est bien simple : aucune, qu’il s’agisse de Bordeaux ou Marseille, n’appliquera cette mesure dès septembre. Vincent Peillon espérait que 50% des élèves français profitent de cette réforme cette année, ils seront plutôt entre 20% et 30 %.
L’enjeu parisien
Reste Paris. Bertrand Delanoë, le maire de la capitale, a annoncé ce lundi après-midi que la réforme s’appliquerait à la rentrée et que le Conseil de Paris adopterait un vœu en ce sens le lundi 25 mars. Il devait pourtant faire face à la grogne de plus en plus visible des syndicats d’enseignants et de parents d’élèves, qui critiquent eux aussi un projet mal préparé et mal financé. La réforme de la semaine de classes pour les écoliers représente en effet, pour les collectivités locales, un coût de près de 600 millions d'euros pour l'ensemble des enfants en année pleine, selon l'Association des maires des grandes villes de France. Il s'agit de faire face aux frais de cantine, de ramassage scolaire, au recrutement et à la formation des animateurs.
En 2003, déjà, le maire de Paris qui entamait alors son premier mandat, avait tenté de réformer les rythmes scolaires des élèves parisiens. Face à la fronde, il avait préféré reculer. A un an des prochaines élections municipales (lors desquelles il ne briguera pas lui-même un nouveau mandat), il est tout de même parvenu à vaincre les réticences des différents élus.