Le bisphénol A altère-t-il la reproduction humaine?

Le bisphénol A sur la sellette. Ce composé chimique présent dans de nombreux produits de la vie courante (comme les récipients en plastique, les boîtes de conserve ou les canettes) pourrait avoir un effet délétère sur la reproduction humaine. C’est ce qui ressort d’une étude menée par des scientifiques français de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Il a été publié dans la revue Plos One.

Les charges s’accumulent contre le bisphénol A. Cette substance chimique est suspectée de favoriser cancer, obésité, diabète, troubles du comportement, problèmes de fertilité féminine...

A cette liste déjà longue s’ajoute le risque d’altérer le développement des organes génitaux masculins chez le fœtus. Cet effet avait été observé jusqu’alors chez l’animal. Il vient de l’être chez l’homme.

« masculinisation altérée »

Les scientifiques français, menés par le professeur René Habert (Inserm/CEA), ont travaillé sur des testicules de fœtus humains issus d’interruptions volontaires de grossesse. Ces organes ont été maintenus en vie dans un milieu de culture pendant trois jours en présence ou pas de bisphenol A.

Résultat : « Le bisphénol A est capable de réduire la production de testostérone par le testicule fœtal humain, indique René Habert. Or cette hormone est absolument fondamentale pour la masculinisation du fœtus. Si la production de testostérone est diminuée, alors la masculinisation est altérée. »

Par ailleurs, la concentration de bisphénol A utilisée dans l’expérience est similaire à celle retrouvée dans le sang, les urines et le liquide amniotique de la population.

Législation insuffisante

L’exposition des femmes enceintes au bisphénol A pourrait donc être l'une des causes des défauts congénitaux de masculinisation, tels le cryptorchidisme – la non-descente des testicules dans les bourses. A noter que la fréquence de ces pathologies a doublé depuis 40 ans.

En Europe, le bisphénol A est interdit dans les biberons depuis 2011 ; la France a étendu cette interdiction à tous les contenants alimentaires d’ici 2015. Mais dans la majorité des pays du monde, ce type de législation est inexistante.

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