L'Anses a procédé à une analyse exhaustive des analyses scientifiques et des expertises sur le BPA, un produit associant phénol et acétone, décrié depuis plusieurs années et utilisé pour la fabrication de très nombreux plastiques. On retrouve le bisphénol A, selon l'Agence, dans « près d'une soixantaine de secteurs d'activité » tels que les conditionnements d'aliments et boissons, jouets et articles de puériculture, tickets de caisse des supermarchés et matériel médical et sa consommation est « en augmentation régulière ».
Déjà ciblé comme perturbateur endocrinien potentiel, le BPA, selon ce rapport, a des effets suspectés aussi sur les pathologies cardio-vasculaires, le diabète, les intestins, les écosystèmes. L'étude de l'Anses met en évidence des effets sanitaires, avérés chez l'animal et suspectés chez l'homme, et ce « même à de faibles niveaux d'exposition », c'est à dire à des « doses notablement inférieures aux doses de référence utilisées à
des fins réglementaires », indique l'Anses.
Les plus vulnérables: femmes enceintes ou qui allaitent, et jeunes enfants
En ce qui concerne l'effet sanitaire via les aliments, celui-ci varie avec la température : il est plus élevé quand on chauffe le récipient de conditionnement; toutefois, même à température ambiante, « il y a migration dans les aliments », souligne Marc Mortureux, directeur général de l'Anses et « Il y a suffisamment d'éléments scientifiques à ce stade pour appeler à agir dans une logique de prévention : partout où on peut le remplacer, il faut le faire, insiste Marc Mortureux, et « sans tarder dans les matériaux au contact
des aliments », ajoute Dominique Gombert, directeur de l'évaluation des risques
à l'Anses.
L'objectif prioritaire vise à prévenir les expositions des populations les plus sensibles -femmes enceintes ou qui allaitent, ainsi que les jeunes enfants, ce qui ne signifie pas pour autant que le reste de la population n'est pas concerné!
L'Anses interpelle industriels et distributeurs
L'Anses lance un appel à contribution des industriels et des distributeurs pour recueillir d'ici fin novembre toute donnée sur des produits de substitution et sur leur innocuité. Plusieurs milliers ont été contactés. En attendant, elle réitère sa recommandation d'étiquetage, faite il y a un an, et qui a vu fleurir les mentions «sans BPA» sur des produits qui n'en contenaient déjà pas.
Par ailleurs, l'Anses poursuit ses études et transmettra le résultat de ces premiers travaux aux instances européennes, « en vue d'examiner la pertinence d'une révision des doses de référence utilisées à des fins réglementaires ».
- Il y a un an, l'agence européenne pour la sécurité des aliments (Efsa) avait estimé que le BPA n'était pas dangereux et qu'il n'était pas nécessaire de modifier la dose journalière admissible (DJA), fixée à 0,05mg/kg de poids corporel.
- En novembre dernier, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait estimé"prématuré" de prendre des mesures de protection contre le BPA, déjà considéré au Canada comme substance toxique.